Tel Père… Tel Fils ! Et pour continuer l’adage, nous complétons : tel frère, telle sœur… Quelle famille !
Dans la mission qu’Il a voulu accepter, celle que le Père Lui confie, le Fils l’assume merveilleusement.
Il quitte son « chez soi » pour venir « chez les siens » et leur dire qui est son Père.
L’évangéliste Marc commence son ouvrage par nous faire un magistral résumé :
« Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » (Mc 1, 1) Tout est dit mais tout reste à faire !
Au baptême de Jésus, l’évangéliste Matthieu (dans son œuvre inestimable) donne le témoignage de la voix venant des cieux : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » (Mt 3, 17)
Les présentations étant faites, le Fils s’évertue à nous dire qui est son Père. A l’occasion de ses 12 ans, à l’âge où les enfants font profession de foi, Jésus répond à Marie, sa mère : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Luc 2, 49) Et l’évangéliste de conclure cet inquiétant épisode en soulignant : « Il descendit avec eux… , et il leur était soumis. » (Luc 2, 51) Quel Fils !
Après le choix et l’appel des Apôtres, à leur demande, Jésus répond à leur exigence (demande) : « Seigneur, apprends-nous à prier ! » (Luc 11, 1) Jésus aurait pu leur dire : « attendez, vous n’êtes pas encore prêts, nous avons le temps… ! » Néanmoins, Il répond tout de suite et les fait ainsi entrer dans l’intimité qu’Il vit avec son Père. Il leur dévoile la façon qu’Il a de s’entretenir avec Lui. En toute simplicité et sans rabâcher (cf. Mt 6, 7) comme des… perroquets, vous donc, priez ainsi : « Notre Père… ». Les Apôtres et les disciples entrent ainsi – et nous aussi avec eux – dans l’amitié de Dieu Lui-même. Faisons une pause et arrêtons-nous, frères et sœurs, un moment sur cette paternité et cette amitié que Dieu assume envers tous ses enfants que nous sommes.
Quant à nous, pendant nos célébrations, assumons-nous au moins un petit peu la vérité et la profondeur de cette prière ? Les fatigues, les lassitudes, nos angoisses et surtout ‘la sainte monotonie’ ne nous font-elles pas échapper à Notre Père ? N’y a-t-il pas aussi, dans la récitation collective, l’engagement d’un concours : « qui finira le premier cette poésie ? » Mais à quoi bon !?
Comme le Fils, prenons le temps de connaître et de parler au Père avant de parler de Lui ? Quelle profondeur dans le « Je te rends grâce, Père ! » à l’occasion de la multiplication des pains comme lors de la Résurrection de Lazare !
« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange :
ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11, 25)
Dans les moments de sa vie où Il a travaillé, fait la fête… le Fils n’a pas oublié son Père. « Un père avait deux fils… » Que d’images, comparaisons et paraboles a-t-il utilisé afin de nous apprendre à prier le Père ? Dans les moments difficiles de sa vie et dans l’angoisse… le Fils n’a pas oublié de prier son Père.
Il nous apprend donc à prier le Père, ce Père qui aime tellement son Fils qu’Il investit en Lui tout son amour.
Et moi ? Trouve-t-Il de ma part une réponse, simple mais confiante, belle et présente ou seulement une réponse du bout des lèvres ? « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! » (Mt 5, 48)
« Pardonnez… et votre Père vous pardonnera. » (Cf. Mt 6, 14)
« Soyez miséricordieux car votre Père est miséricordieux ! » (Luc 6, 36)
A l’image d’un tel Père, un tel Fils du haut de sa croix, crie : « Père, pardonne-leur… » (Luc 23, 34) pour qu’ensuite Il reparte – sa mission accomplie – chez soi avec les siens qui l’ont accueilli.
Effleurer le sujet si vaste et riche de ce mystère, ce n’est que toucher du bout de l’âme ce qu’au Paradis même je ne pourrais comprendre. Une fourmi touchant l’orteil de mon pied peut-elle prétendre qu’elle connaît l’homme et toute l’humanité ? Et s’il m’est donné de prier tel Père, à moi aussi de me situer à la hauteur d’être tel fils.
Père Marcelin BEJAN