Ayez confiance.

20 avril 2020

Parmi les nombreuses blagues qui circulent en ce temps de confinement, j’ai retenu celle de l’horizon qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on s’en approche. S’il en va de même pour la date de la fin de l’épreuve que nous vivons, alors nous n’en sortirons jamais !
Je crois que nous pouvons comparer le temps que nous vivons aux 60 ou 70 ans qu’a duré l’Exil des Juifs à Babylone au VIe siècle avant Jésus-Christ. Après avoir été assiégée, conquise et en partie détruite, la ville de Jérusalem a été vidée de ses habitants par les conquérants qui les ont déportés. Aussi difficile fut-elle, cette période fut celle d’un profond renouveau. Bien loin d’abandonner son peuple, Dieu l’a visité dans la prière de ses enfants qui ont fait mémoire des bienfaits du passé tout autant des fautes personnelles et collectives qu’ils avaient commises. Une relecture de la Loi mais aussi un renouveau grâce au ministère des prophètes Ezéchiel, Daniel et – pour une partie – Isaïe. A la cathédrale Notre-Dame d’Orange, nous avons un tableau qui représente une des visions du prophète Daniel… et juste à côté, il y a la guérison de l’aveuglement de Tobie père... A elles seules, ces images résument le réconfort que Dieu veut nous apporter. Ouvre tes yeux jusqu’ici aveuglés, lève-les et regarde au loin !

PSAUME 136
Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, + nous souvenant de Sion ; * aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes.
C’est là que nos vainqueurs nous demandèrent des chansons, + et nos bourreaux, des airs joyeux : * « Chantez-nous, disaient-ils, quelque chant de Sion. »
Comment chanterions-nous un chant du Seigneur + sur une terre étrangère ? * Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie !
Je veux que ma langue s’attache à mon palais + si je perds ton souvenir, * si je n’élève Jérusalem, au sommet de ma joie.

Ces derniers jours, je m’interroge et je me demande sur ce qui peut faire la différence pour nous, catholiques. Il me semble que la réponse tient en une ligne :
Nous sommes créés et nous sommes sauvés.

Nous ne sommes pas nés du hasard mais nous avons été appelés à la vie par Dieu. Et notre vie est si précieuse à ses yeux qu’Il n’a pas voulu nous laisser au fond de l’abîme du péché, sournoisement entré dans le monde aux origines de l’humanité par la jalousie du diable et la désobéissance d’Adam. Il nous a envoyé son Fils, Jésus pour être notre Sauveur. Il est vainqueur de la mort parce qu’Il est venu embrasser notre mort. Dans son homélie du vendredi saint le 10 avril dernier, le Père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison Pontificale, a posé la question :
quels ont été les effets de la mort du Christ ? Nous avons été justifiés par la foi en lui, réconciliés et en paix avec Dieu, remplis de l’espérance de la vie éternelle ! (cf. Rom 5,1-5)
Mais il y a un effet que la situation actuelle nous aide à saisir de manière particulière. La croix du Christ a donné un nouveau sens à la douleur et à la souffrance humaines. À toute souffrance, physique et morale. Ce n’est plus une punition, une malédiction. Car elle a été rachetée à la racine depuis que le Fils de Dieu l’a prise sur lui. Quelle est la preuve la plus sûre que la boisson que l’on te tend n’est pas empoisonnée ? Que l’on boit à la même coupe devant toi. Ainsi, sur la croix, Dieu a bu, aux yeux de tous, le calice de douleur jusqu’à la lie. Il a montré par là qu’il n’est pas empoisonné, mais qu’au fond, on y trouve une perle.

Nous sommes créés et nous sommes sauvés. Notre vie a une origine, elle a un sens ; elle a un but.
Prenons avantage du confinement et du silence qui nous est donné pour aller plus loin dans notre réflexion et dans notre prière. A force d’y passer du temps pour rester en contact, nous commençons – à juste titre – à être dégoûtés d’internet. Nous voudrions retrouver le contact physique avec les autres, la solidité d’une poignée de mains, la chaleur d’une accolade ou d’une embrassade… Commençons avec le Seigneur, dans un acte de foi. Il est là, Il veille sur nous. Plaçons-nous en silence sous son regard. Nous pleurons, nous nous lamentons. Il est là ! Il nous aime.

Pouvons-nous tout simplement lui dire : "Dieu, c’est Toi qui m’as fait ! Tu es mon Créateur ! Tu me maintiens aujourd’hui dans l’existence ! Je me reçois de Toi, aujourd’hui, maintenant, avec reconnaissance. Merci !
Dieu, Tu m’as donné beaucoup plus ! Tu t’es fait connaître à moi par ton Fils Jésus-Christ… et je peux T’appeler en toute vérité : Père, Abba, Papa ! J’accueille ton amour personnel pour moi. Je ne suis pas anonyme pour Toi. Tu me connais, je me reçois de Toi et je Te bénis parce que je suis en relation avec Toi. Tu m’assures que
la vie éternelle, c’est te connaître, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Jn 17, 3"

Père, je t’en prie, soutiens-moi, fortifie-moi. Avec Jésus, je te prie et je reprends les paroles du psaume 39 :

D’un grand espoir j’espérais le Seigneur : * il s’est penché vers moi pour entendre mon cri.
Il m’a tiré de l’horreur du gouffre, de la vase et de la boue ; * il m’a fait reprendre pied sur le roc, il a raffermi mes pas.
Dans ma bouche il a mis un chant nouveau, une louange à notre Dieu. * Beaucoup d’hommes verront, ils craindront, ils auront foi dans le Seigneur.
Heureux est l’homme qui met sa foi dans le Seigneur * et ne va pas du côté des violents, dans le parti des traîtres.
Tu as fait pour nous tant de choses, toi, Seigneur mon Dieu ! * Tant de projets et de merveilles : non, tu n’as point d’égal ! Je les dis, je les redis encore ; * mais leur nombre est trop grand !
Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; * tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens. « Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse. * Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles. »
J’annonce la justice dans la grande assemblée ; * vois, je ne retiens pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais.
Je n’ai pas enfoui ta justice au fond de mon coeur, je n’ai pas caché ta fidélité, ton salut ; * j’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée.
Toi, Seigneur, ne retiens pas loin de moi ta tendresse ; * que ton amour et ta vérité sans cesse me gardent !
Les malheurs m’ont assailli : * leur nombre m’échappe ! Mes péchés m’ont accablé : ils m’enlèvent la vue ! * Plus nombreux que les cheveux de ma tête, ils me font perdre coeur.
Daigne, Seigneur, me délivrer ; Seigneur, viens vite à mon secours ! * Qu’ils soient tous humiliés, déshonorés, ceux qui s’en prennent à ma vie ! Qu’ils reculent, couverts de honte, ceux qui cherchent mon malheur ; * que l’humiliation les écrase, ceux qui me disent : « C’est bien fait ! »
Mais tu seras l’allégresse et la joie de tous ceux qui te cherchent ; * toujours ils rediront : « Le Seigneur est grand ! » ceux qui aiment ton salut.

Au terme de notre prière, nous découvrirons nos fautes, nos faiblesses, nos limites... et surtout nous entendrons un nouvel appel : l’appel à connaître le Seigneur avec un coeur renouvelé... dans des modalités pratiques et concrètes que nous ignorons... mais qui seront belles et bonnes... car elles sont déjà le don de Dieu.

Que le Seigneur vous bénisse et vous garde !