Commencer à faire relecture de ce temps de confinement

5 mai 2020

Il y a cinquante jours, de manière brutale et soudaine, nous nous sommes retrouvés confinés ! En ce 50e jour, jour sabbatique, offrons nous un peu de repos et faisons le point !

Lors d’une conférence téléphonique, en fin de semaine dernière, avec des parents ayant encore des enfants en âge scolaire, j’ai entendu les uns et les autres dire : les sacrements nous manquent et tout en même temps : nous avons été nourris.
La vie de communauté nous manque…
et tout en même temps, nous avons eu, pendant ce temps de confinement, un fort sentiment d’appartenance : nous faisons partie d’une communauté !
De même, si dans notre ville d’Orange et notre département, nous avons été plutôt épargnés par ce mauvais virus, nous avons appris le décès de telle ou telle personne – peu importe ici la cause – et nous avons été privés de les accompagner.
Certains ont indiqué qu’il leur a fallu un effort pour habiter le temps libre laissé par un autre rythme et faire bon usage de sa liberté…

Tout en espérant que la première étape du déconfinement aura bien lieu dans quelques jours, nous ne savons pas trop à quoi demain va ressembler. Nous avons bien compris que l’expression publique et communautaire de notre foi doit encore attendre... Peu à peu des activités vont reprendre, d’autres devront attendre… Peut-être commençons-nous déjà à prévoir tel déplacement ou telle activité dont nous avons besoin. Peut-être craignons-nous de nous retrouver dépassés par les évènements ? ou craignons-nous même de prendre le risque de sortir de nouveau ? 
Comme pasteur du troupeau qui m’a été confié, je voudrais vous inviter à garder la vigilance spirituelle, à continuer à nourrir votre foi et à développer votre vie intérieure… C’est pourquoi, il me semble qu’il est important et nécessaire pour nous de prendre – personnellement puis familialement – un temps de relecture.

Il ne s’agit pas de faire un bilan de ce que nous avons fait, réussi ou raté, ou encore omis… aux yeux des hommes ou même à nos yeux !

Faire relecture, c’est relire les merveilles de Dieu dans nos vies d’homme et de femme afin de reconnaître les dons qu’il nous fait. C’est discerner les traces de la présence de Dieu dans notre vie.

Pour commencer, relisons l’évangile des pèlerins d’Emmaüs au 24e chapitre de l’Evangile selon Saint Luc afin de laisser Jésus

  • nous rejoindre,
  • nous questionner
  • et nous éclairer : notre cœur n’était-il pas brûlant alors qu’il nous parlait en chemins et nous ouvrait les Ecritures ? Luc 24, 32

Pour chacune des grandes lignes ci-dessous, nous pouvons retrouver ce que nous avons vécu… et ce qui nous a manqué :

  • Qui ? Avec qui ai-je vécu ce temps de confinement ? Avec qui suis-je resté en relation ? Vers qui suis-je allé (par téléphone, par courriel…) ?
  • Où ? Le lieu où je suis resté ? Les lieux habituels où je ne me suis pas rendu ?
  • Quand ? les grandes étapes, les points tournants : la fin du Carême, la Semaine Sainte, le début du temps pascal.
  • Quoi ? Qu’ai-je fait de significatif ? Quelle action m’a manqué ?
  • Dieu a-t-il été présent ? Comment ?

En famille, osons dire clairement ce que nous avons aimé, ce qui nous a pesé, ce que nous avons appris et découvert des autres et que nous voulons leur partager comme un cadeau bienveillant !

Tenons-nous sous la mouvance de l’Esprit Saint pour regarder avec Dieu ce que nous avons vécu et découvrir que le Seigneur était là ! La célébration eucharistique que nous espérons retrouver bientôt nous donnera de le reconnaître à la fraction du pain.

Dans un deuxième temps, nous pourrions aussi nous interroger

  • sur la différence entre la foule ou l’assemblée et la maisonnée
  • sur l’importance du corps, mon lieu de vie le plus intime où se conjuguent l’espace et le temps
  • sur la croissance des plantes au cours de ces deux derniers mois de printemps et sur l’importance de la culture… oui le jardinage a un intérêt spirituel puisqu’il inscrit l’homme dans la vertu de patience, à l’image du cultivateur. Cf Lettre de Saint Jacques 5, 7
  • sur le désir de vivre et la peur de mourir

Pour conclure, relisons cette page de l’Evangile selon Saint Matthieu 6, 24 - 34

Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. C’est pourquoi je vous dis : Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux. Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : “Qu’allons-nous manger ?” ou bien : “Qu’allons-nous boire ?” ou encore : “Avec quoi nous habiller ?” Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine.

Que Dieu vous bénisse !

Père Michel BERGER