Homélie du Père Baptiste Vanel pour le Jour des Défunts

4 novembre 2020

donnée le lundi 2 novembre 2020 à l’église Saint Florent d’Orange

Chers frères et soeurs,
En ce lendemain de la solennité de Tous les saints, notre prière se fait plus intensive pour nos morts, pour ceux que nous aimons et qui nous ont quittés. Aujourd’hui nous ne voulons pas simplement nous souvenir d’eux mais nous voulons vraiment prier pour eux.

Prier pour les morts fait partie de la plus ancienne tradition chrétienne. Cette prière pour les morts est intimement liée à l’eucharistie puisque déjà chaque jour nous prions pour les défunts.

Prier pour les morts, c’est demander, comme nous l’avons fait dans la prière d’ouverture, de faire grandir en nous la foi en Jésus ressuscité. Parce que comme le Christ est ressuscité, nous aussi nous ressusciterons.

Nous le croyons, la mort a été engloutie par le Christ, par le victoire du Christ, par sa sainte résurrection. Face à la mort nous sommes abasourdis, nous ne comprenons pas : pourquoi la mort ? Et de fait la mort est un scandale ! La mort n’est pas voulue par Dieu. Elle ne fait pas partie de Dieu. Pourquoi alors est-elle dans notre vie ? Elle est une conséquence du péché originel. Le péché originel c’est quand Adam et Eve (nos premiers parents) se sont détournés de Dieu. Alors qu’ils vivaient en communion avec Dieu, ils ont voulu être leur propre vie sans Dieu. Et, quand on se coupe de la source, l’eau ne coule plus et se tarit. C’est ce qui s’est passé pour notre vie. L’homme qui a l’origine ne devait pas mourir, vient alors à mourir. Mais alors pourquoi, devons-nous, nous aussi, mourir ? Parce que cette fracture entre Dieu et l’homme se transmet de génération en génération.

Mais Dieu n’a pas abandonné l’homme à la mort. Il a envoyé son Fils Jésus Christ pour nous sauver ! Il est mort mais il est aussi ressuscité ! Vivant ! Il est venu pour que nous aussi nous ressuscitions avec lui au dernier jour ! Ce temps là nous l’attendons ! Par le baptême, nous sommes déjà vainqueurs avec le Christ mais nous devons encore passer par la mort comme le Christ est passé par la mort et puis est ressuscité. Oui nous aussi nous ressusciterons avec notre corps. Ce corps qui pour l’instant devient poussière, il nous sera redonné ! Notre âme qui à la mort se sépare de notre corps et qui retourne près de Dieu, retrouvera un jour notre corps. Ce corps que nous avons eu ! C’est le sens de la deuxième lecture que nous avons entendue.

Ayons foi en Jésus, ayons foi en sa résurrection. Comme le dit le livre de la Sagesse dans la première lecture : « qui met en lui sa foi comprendra la vérité ; ceux qui sont fidèles resteront dans l’amour près de lui » (Sagesse 3, 9) C’est bien par la charité que nous restons près de Dieu. Demandons au Seigneur d’augmenter en nous la charité car elle est ce qui nous unifie, ce qui unifie notre coeur. Oui la charité couvre une multitude de péchés.

L’évangile de ce jour (Mt 25, 31 -46) nous rappelle aussi une vérité de notre foi qui est importante : le jugement. Il y a d’abord le jugement particulier. Pendant notre vie nous accueillons ou nous rejetons la grâce divine. La mort met fin à la vie de l’homme comme temps où l’on peut s’ouvrir ou non à la grâce de Dieu. Notre âme se trouvant au moment de notre mort devant Dieu, il y a déjà une rétribution immédiate en fonction de notre foi et de nos oeuvres. Ce jugement particulier nous réfère à la vie du Christ soit à travers une purification, soit pour entrer au ciel, soit pour se damner immédiatement pour toujours. (Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique 1021-1022). Mais il y a aussi le jugement dernier. Il y aura avant ce jugement final une résurrection de tous les morts : des justes et des pécheurs. Comme dit St Jean : « Ce sera l’heure où ceux qui gisent dans la tombe en sortiront à l’appel de la voix du Fils de l’Homme ; ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal pour la damnation » (Jean 5, 28-29). Le Christ viendra alors dans sa gloire et il séparera les brebis et les boucs. Le jugement dernier révélera les conséquences de ce que chacun aura fait de bien ou de mal. Cette heure, seule Dieu le Père la connaît. Mais elle viendra. (Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique 1038-1041). Dieu veut que tous soient sauvés et sa miséricorde est large et sans mesure. Oui le Christ nous a sauvé par sa mort et sa résurrection. A nous de l’accueillir.

C’est donc pour nous une invitation à la conversion. Non pas dans une crainte stérile, dans une peur paralysante mais bien dans une foi vive, dans la volonté ferme de suivre le Christ, de le laisser habiter notre coeur.

C’est aussi une invitation à prier pour ceux qui sont morts pour qu’ils accèdent à la lumière qu’est le Christ. Seul Dieu sait ceux qui sont au ciel, au purgatoire ou en enfer, car seul Dieu juge. Mais nous pouvons nous associer à l’intercession du Christ, entrer dans sa prière. Et c’est ce que nous voulons faire en ce jour. Car le Christ est le lien entre nos frères défunts et nous. Pour tout ceux qui croient en lui la vie n’est pas détruite mais transformée.