Homélie pour l’Annonciation

24 mars 2020

Homélie préparée par le Père Emmanuel Deluegue

En ce temps de confinement, comme il est précieux ce petit téléphone portable qui nous relie encore les uns aux autres. Nous sommes à l’affût du moindre appel et curieusement la messagerie vocale nous lance un tonitruant « vous avez un nouveau message ». C’est un message qui vient de loin, du Proche-Orient. On entend des bruits de guerre. La voix est assez frêle comme tremblante et bouleversée. Elle dit s’appeler Marie et qu’elle vient de recevoir chez elle un visiteur bien étrange et que cette visite va transformer notre vie. Il va y avoir du neuf, de la joie mêlée à de la crainte comme pour un enfantement. Elle dit aussi que ce n’est pas grave si nous ne savons pas comment cela va se faire ou si cela nous semble impossible.
La conversation se poursuit et derrière ce mystérieux échange, nous comprenons que Marie a reçu une vocation et une mission uniques dans le dessein de Dieu. Elle a été appelée à devenir la mère de Jésus, privilège insigne et unique qui fait de Marie la femme bénie entre toutes les femmes, la mère choisie entre toutes les mères.
Si Marie a été cette mère unique, la mère de Dieu, c’est par pur choix de Dieu, par pure grâce de Dieu. Ce visiteur de l’Annonciation l’a saluée comme comblée de grâce. Et la foi de l’Église a compris que cette grâce a totalement investi Marie, au point même qu’elle a été de toujours exemptée de péché. C’est une merveille, une merveille de Dieu : « le Seigneur fit pour moi des merveilles. Saint est son nom ». Aussi à travers tous les siècles, la foi chrétienne n’a-t-elle jamais manqué de célébrer les splendeurs de l’œuvre de la grâce en Marie.
Aussi Marie est-elle un exemple et un appel pour nous. Comme l’exprimait Péguy, cette Reine des anges n’en n’est pas moins une toute petite fille. Elle est femme entre les femmes, elle est humaine et non pas divine.
C’est par sa seule foi, par sa seule confiance que Marie a gagné la confiance de Dieu : « qu’il me soit fait selon ta parole ».
Or la foi, elle nous est bien possible à nous aussi. À une femme qui ne faisait que laisser parler son cœur en s’adressant à Jésus : « bienheureuse la femme qui t’a porté et le sein qui t’a nourri », Jésus répliqua « Bienheureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique ».
Il y a un deuxième aspect par lequel Marie est pour nous un modèle et un appel : son sens du service, tout ce par quoi elle a su mettre en pratique la Parole de Dieu à laquelle elle avait accordé sa confiance.

  • À la Visitation, elle porte assistance à sa cousine Elisabeth.
  • A Cana, elle aide ceux qui sont dans l’ennui.
  • Au pied de la croix, elle est seule pour assister son fils.
  • Au Cénacle, elle est encore là pour encourager des disciples décontenancés.

A sa foi, à son service des autres, on peut encore ajouter sa prière et plus précisément son sens de la louange et de l’action de grâce : « mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ».
Au terme de cette communication et de cet échange, nous pouvons lui répondre par cette prière qui est régulièrement sur nos lèvres : "Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen."
Père Emmanuel Deluegue