Le Jour de gloire va arriver

18 novembre 2019

Homélie pour le 33e dimanche TO de l’année C
En cette fin d’année, nous sommes sollicités par différentes personnes pour les calendriers de l’année à venir : le facteur, les pompiers, les scouts…
« Quel jour ? quelle heure ? » pour notre rencontre. Nous prenons nos rendez-vous sur notre agenda, sur notre cahier de correspondance ou tout simplement sur notre calendrier…
Il s’agit d’être là et à l’heure… Il s’agit d’être au rendez-vous !
Nous aimerions faire de même pour la venue du Christ en gloire.

A moins de tomber de la lune, comme Cyrano de Bergerac Acte III scène XIII, et de demander au premier passant rencontré : « Quelle heure ? Quel pays ? Quel jour ? Quelle saison ? », la venue du Christ en gloire est sûre et certaine. Jésus l’a annoncée : Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée avec puissance et grande gloire. Chaque dimanche, dans le Credo qui est notre profession de foi publique, nous affirmons qu’Il viendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. A chaque messe, nous disons à Jésus : Nous attendons sa venue dans la gloire.

Nous serions soulagés si nous pouvions marquer cet évènement sur un calendrier, comme nous le faisons pour la date d’un mariage annoncé ou de manière plus floue pour la période d’une naissance annoncée.
Nous ne pouvons rien saisir de l’Evangile de ce dimanche si nous ne comprenons pas qu’il évoque un double évènement. Jésus et ses disciples passent devant le Temple comme nous passons ici tous les jours devant le théâtre antique. Monumental, cet édifice leur paraît indestructible. Et pourtant, Jésus annonce la destruction de ce Temple. Elle aura lieu quelques années plus tard, en l’an 70, par les armées romaines de l’empereur Titus.
Mais Jésus annonce aussi dans la suite de cet évangile, un autre évènement : celui de sa venue dans la gloire.

Comme les disciples, nous nous posons alors une double question :
1) Quand cela arrivera-t-il ?
2) Quel en sera le signe annonciateur ?
La réponse de Jésus ne nous concerne pas tant pour la destruction du Temple de Jérusalem que pour l’évènement de sa venue dans la Gloire que l’on appelle aussi parousie.
La réponse de Jésus nous déroute… car il semble bien ne pas répondre à la première question.
En effet, Jésus répond d’abord à la deuxième question, celle du signe annonciateur de son Jour de gloire.

Ne vous méprenez pas ! C’est moi que vous attendez… beaucoup viendront sous mon nom. Vérifiez attentivement qui vous parle et si ses promesses sont les miennes, la promesse de la vie éternelle à laquelle on accède par le mystère de la Croix, la promesse du salut où l’homme trouve la vie grâce à l’humilité de son Maître et Seigneur.
Ne vous méprenez pas ! Il y aura une grande confusion : des guerres, des cataclysmes… et des guerres il y en a à chaque époque, et même aujourd’hui 17 novembre 2019, pas seulement dans le fracas des armes mais aussi dans d’autres rapports de force, celui de la domination technique au détriment de la dignité de l’homme
Il y aura des signes sur la terre et dans le ciel, comme il y en a eu lundi dernier 11 novembre 2019 : un tremblement de terre le jour où la planète Mercure passait devant le soleil.
Ne vous effrayez pas, nous dit Jésus. Soyez maîtres de vos émotions… sachez discerner ce qui est vrai et juste, ne soyez pas les hommes et les femmes d’un moment. Sachez, au quotidien, discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. (Rom 12, 2)
Soyez persévérants dans votre attachement au Christ, dans la foi. Vous avez à me rendre témoignage chaque jour, et même aujourd’hui dimanche 17 novembre… à cause de mon NOM.

Plus loin dans l’Evangile, Jésus répond à la première question des disciples ? Quand cela arrivera t-il ?
Jésus répond pour ce qui s’est déjà passé : Quand vous verrez Jérusalem encerclée…
et pour ce qui doit encore se passer : Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée avec puissance et grande gloire.
Avant sa Passion, dans l’Evangile de ce jour, Jésus ne nous donne pas le jour et l’heure de sa venue dans la Gloire.
Après sa Résurrection, il ne les indique pas non plus. Au contraire, il nous demande de ranger notre agenda puisque Dieu n’en a pas ; en effet, pour Lui, mille ans sont comme un jour. Jésus ressuscité nous dit donc : Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. (Actes 1, 6)
Alors, quel jour quelle heure pour la venue du Christ en gloire ?
Rangeons notre agenda, car l’agenda de Dieu, c’est aujourd’hui, c’est maintenant, ici même.
En effet, si nous savions le jour et l’heure, nous pourrions rester oisifs, affairés sans rien faire, comme l’étaient certains membres de la communauté des Thessaloniciens que Saint Paul invite à travailler quotidiennement en embrassant avec courage leur humble besogne.
Voici que vient le Jour du Seigneur, brûlant comme la fournaise, dont le feu consume les arrogants mais guérit et console ceux qui craignent le Nom de Dieu en L’adorant et en Le servant. Jésus est le Soleil de justice que nous regardons aujourd’hui dans la foi avant de Le contempler Face à face pour l’éternité.

Vivons donc en étant prêts… comme les scouts dont la devise est : Toujours prêts. Semper parati, au pluriel, car nous avons besoin les uns des autres pour tenir dans la foi et dans notre quotidien.
- prêts à nous tenir dans la prière en présence de Jésus et c’est le sens de l’adoration eucharistique où, à tour de rôle, nous nous plaçons devant le Soleil de justice pour recevoir la guérison qu’Il apporte dans son rayonnement, pour nous et pour tous ceux pour qui nous prions
- prêts à témoigner de Jésus, grâce au langage et à la sagesse qu’Il nous communique pour L’annoncer à temps et à contretemps, même au risque d’être moqués et condamnés puisque nous sommes et serons détestés à cause de Son Nom…
- prêts à servir nos frères pour les soulager dans leurs difficultés et pour leur annoncer le Jour de Dieu, notre espérance qui est déjà leur espérance.

En cette journée mondiale des pauvres, la Parole de Dieu nous apprend que tenir un agenda est une préoccupation de riches… pour tenter d’avoir la maîtrise du temps et de l’espace…
Les pauvres ont un autre rapport au temps… s’ils vivent au jour le jour une forme d’insécurité, ils savent mieux que nous qu’à chaque jour suffit sa peine mais surtout qu’à chaque jour suffit sa grâce !

Père Michel BERGER, curé