Ne craignez pas ! C’est moi !

17 avril 2021

Ne craignez pas ; c’est moi ; la paix soit avec vous.

Tel est le résumé de ce que le Christ dit à ses disciples, aux saintes femmes comme aux Apôtres, comme à nous en ce temps de la Résurrection.

Et pourtant, peut-être sommeille t’il en nous comme en Saint Thomas quelque doute ? Est-ce bien le Christ ?

Les deux apparitions du Christ à ses apôtres réunis au Cénacle (celle du soir de la Résurrection puis, huit jours après, celle du soir du premier dimanche qui suivit Pâques) nous invitent à méditer sur les propriétés du corps glorieux de Jésus ressuscité, qui entre toutes portes closes.

Le corps ressuscité du Christ est bien son corps réel : il s’agit de son vrai corps, et non de l’apparence de corps. Aux disciples qui pensaient avoir affaire à un fantôme, Jésus dit : De quoi êtes-vous troublés ? Et pourquoi ces incertitudes s’élèvent-elles dans vos coeurs ? Voyez mes mains et mes pieds : oui, c’est bien moi. Touchez-moi ; et rendez-vous compte qu’un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai ! (Luc 24, 38-39)

N’ayez pas peur, c’est bien moi.

Oui, pour prouver que son corps est bien réel, Jésus invite les apôtres à regarder les plaies laissées dans ses mains et ses pieds par les clous et son côté ouvert par la lance. Bien plus, Il invite Thomas à toucher, à avancer ses doigts dans ses mains et ses pieds et sa main dans son côté.

Et encore Jésus mange avec ses disciples : Avez-vous ici quelque chose à manger ? Et nous dit Saint Luc, ils lui donnèrent un peu de poisson grillé ; et il le prit et le mangea en leur présence. (Lc 24, 42-43)

Le corps ressuscité du Christ est donc bien son corps réel ; mais son corps n’est plus soumis -comme les nôtres actuellement- aux contingences physiques : au contraire, son corps glorieux possède des perfections stables qui sont le fruit des mérites qu’Il a acquis pour Lui et pour nous tous par sa Passion.

Décrites par Saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens, les perfections stables du corps ressuscité sont au nombre de quatre :

1. Le corps de Jésus est ressuscité dans l’incorruptibilité (1 Cor 15, 43) en étant préservé de tout mal, de toute douleur et de toute fatigue : c’est l’impassibilité

Le Christ ressuscité ne meurt plus, il ne souffre plus. C’est ainsi que Jésus peut dire à Thomas de mettre ses doigts dans ses plaies sans que cela le fasse souffrir.

2. Le corps du Christ est ressuscité dans la gloire (1Cor 15, 43) et rayonne d’un éclat lumineux par rejaillissement, par redondance de la béatitude de l’âme sur le corps : c’est la clarté. Pour en avoir une idée, pensons à la Transfiguration où cette clarté fut manifestée pendant quelques instants seulement sur le mont Thabor.

3. Le corps de Jésus est ressuscité dans la force (1 Cor 15, 43). Son corps est apte à se mouvoir sans effort au gré de l’âme et de sa pensée, sans tenir compte des distances ou des obstacles ; c’est l’agilité qui permit à Jésus d’entrer toute portes closes (Jn 20, 19, 26).

Jésus n’a pas besoin d’ouvrir la porte du Cénacle pour entrer, tout comme il est sorti du tombeau malgré la très grande pierre qui en bouchait l’entrée. En effet, ce n’est qu’après sa sortie du tombeau que les anges descendirent du ciel pour rouler la pierre et manifester à tous, aux gardes d’abord, puis aux saintes femmes et aux apôtres ensuite, que le tombeau était vide.

4. Le corps de Notre Seigneur est ressuscité spirituel (1 Cor 15, 43) : son corps est pleinement soumis à l’âme, toujours prêt à le servir et à lui obéir, c’est à dire toujours prêt à se tourner vers les choses de Dieu. C’est la qualité de spiritualité ou de de subtilité.

Impassibilité, clarté, agilité, subtilité, telles sont les qualités d’un corps ressuscité, fût-ce celui du Christ depuis sa Résurrection ou le nôtre lorsque, par la toute-puissance du Christ triomphant, nous aussi, au dernier jour, ressusciterons.

Cette “monstrance” du Christ au soir de Pâques deviendra, huit jours après, démonstration pour Saint Thomas. Ne sois pas incrédule, mais croyant. (Jn 20, 27)

Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. (Jn 20, 29)

Mes frères, nous n’avons pas vu comme les Apôtres, nous n’avons pas comme eux touché les mains et les pieds du Christ ressuscité, mais nous savons, par leur témoignage, que le Christ est vraiment ressuscité et que son corps est glorieux, victorieux de la mort et du péché.

Oui, notre foi passe par les Apôtres, notre foi est apostolique. Avec Saint Thomas, professons notre foi et disons au Christ ressuscité : Mon Seigneur et mon Dieu !

Je crois en Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts ; je crois à la Résurrection de la chair.

Père Michel BERGER