C’est le Seigneur ! C’est lui qui agit !

12 juin 2021

La semence jetée en terre grandit par sa propre force, quelle que soit l’action ou la non-action de celui qui a posé le geste humain de jeter la semence. Qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit. (Mc 4, 27)

Et cela jusqu’à la moisson !
Il s’agit de la croissance du Royaume des cieux en chacun de nous : cette semence est faite par Dieu au moment de notre appel à la vie, notre création. Puisque, avant même d’être créées et d’exister, nous sommes choisis dans le Christ avant la fondation du monde (Eph 1, 4), nous sommes porteurs de cette vie qui vient de Dieu. Par le baptême, cette semence prend encore plus vie et commence son chemin vers la moisson. Elle a sa force en elle-même. Que nous dormions ou que nous nous levions, Dieu agit !

Cela nous permet de bien voir quelle est notre place dans le cheminement chrétien : il ne s’agit pas de faire des choses pour que cela pousse bien. Mais il s’agit de continuer notre vie de chrétien en sachant que le Seigneur, par son Esprit, nous conduit et développe en nous sa sainteté. Pas de peur, pas d’angoisse, pas de crispation spirituelle, mais une contemplation dans la foi et l’action de grâce de ce que Dieu fait en nous pour que nous arrivions au terme.
Cette parabole de Jésus renverse beaucoup de choses dans notre conception de la vie spirituelle : dans la vie chrétienne, le croyant n’est pas au centre de tout, c’est le Seigneur qui est au centre. Il s’agit de Le servir et non de vouloir prendre sa place. Cela commence par l’écoute de sa Parole et une réponse concrète de notre part : la prière et les bonnes œuvres.

C’est le même chemin que nous trouvons dans la parabole du grain de sénevé : cette graine est petite, insignifiante, mais une fois vivifiée dans les eaux du baptême, elle dépasse toutes les autres.

C’est bien l’image que, par la grâce de Dieu, nous sommes élevés à une vie surnaturelle qui dépasse la vie seulement naturelle. La grâce n’enlève pas la nature mais la perfectionne.

Notre regard, incliné à fonder notre effort sur nos seules forces, doit changer.

L’efficacité ne vient pas de nous mais de Dieu avec nous. C’est le Seigneur qui est le maître !
Alors, ce que nous pourrions considérer comme insignifiant est victorieux selon Dieu : « les derniers sont les premiers ». C’est pourquoi, le souci des petits, des pauvres, des boiteux en tous genres... est fondamental dans l’enseignement de l’Eglise depuis toujours. Et cela nous permet de comprendre que par bien des aspects, chacun de nous - un jour ou l’autre et de toutes manières au terme de sa vie - fait partie de ces pauvres.
De plus, cette pauvreté rayonnante permet à beaucoup d’autres de venir en vivre. Une Eglise riche et suffisante est une Eglise qui exclut. A la Croix, Jésus est le super pauvre qui sauve le monde. Le Pape François insiste beaucoup sur ces points-là. Il nous faut suivre Jésus de tout notre être car c’est vraiment le dessein de Dieu. C’est la force de l’espérance qui nous soutient dans cette aventure de foi. Car nous ne sommes pas dans la claire vision, dit Saint Paul aux Corinthiens (1 Co 13, 12). Nous n’y sommes pas encore mais tant que nous cheminons ici-bas, aimons être le plus possible dans la volonté du Seigneur et non à côté. Ne nous laissons pas piéger par le monde qui passe mais attachons-nous aux choses qui ne passent pas et qui sont éternelles. Ainsi, nous y entraînerons plein de monde avec nous.

Père Grégoire Thai Huy VU, vicaire