Connaissez-vous la Sœur Marie-Thérèse de Meirand ? et la Sœur Marie-Anne Marquion ? Probablement pas ! ou peut-être pensez-vous que leurs noms sont les noms civils de deux Bienheureuses Martyres d’Orange ? Elles ont failli l’être ! En effet, au moment de la Révolution, la première était visitandine en Arles et la deuxième religieuse hospitalière à Orange ! L’une et l’autre ont été emprisonnées… mais elles n’ont pas été jugées… puisque la Terreur de 1794 a fini par s’éteindre, laissant de nombreuses personnes en prison… qui, peu à peu, ont fini par être libérées.
Ces deux sœurs - et 18 autres ! – auraient pu être martyres. Et… elles ne l’ont pas été ! Emprisonnées à Orange, elles n’ont pas été jugées et n’ont donc pas été condamnées. Alors, doit-on dire qu’elles ‘raté’ le martyre ?
Le martyre n’est pas une conquête. Et s’il est bien un acte de la vertu de Force, le martyre est un don de Dieu dans sa Providence. Les 32 religieuses guillotinées ont été béatifiées… et les religieuses qui ont échappé à la mort ne l’ont pas été ! Pour autant, les unes comme les autres étaient prêtes, résolues à tenir leur engagement pris d’être et de rester épouses du Christ.
Exécutées ou non, toutes ces femmes ont, de manière héroïque, témoigné du Christ.
Pour rendre féconde notre espérance et fortifier notre résolution, je vous invite, pour la fête des bienheureuses que nous célébrons ce mercredi 9 juillet, à relire et à méditer les deux textes suivants :
1. la bulle d’indiction du Jubilé Spes non confundit où le pape François nous disait au n° 20 :
Le témoignage le plus convaincant de cette espérance nous est offert par les martyrs qui, fermes dans leur foi au Christ ressuscité, ont été capables de renoncer à leur vie ici-bas pour ne pas trahir leur Seigneur. Ces confesseurs de la vie qui n’a pas de fin sont présents à toutes les époques, et ils sont nombreux à la nôtre, peut-être plus que jamais. Nous avons besoin de garder leur témoignage pour rendre féconde notre espérance.
2. cet extrait du message du Cardinal Pietro Parolin a écrit au nom du pape François pour la célébration le 11 mai dernier du centenaire de la béatification des Bienheureuses Martyres d’Orange
Célébrer les martyrs de notre temps interpelle notre foi et notre amour de Dieu. Ceux et celles qui ont donné leurs vies pour le Christ nous enseignent que la foi est un choix exigeant qui demande sacrifices et abnégation pour parvenir à l’éternité que la grâce de Dieu nous a déjà offerte. « Celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. » (Lc 9, 25)
Les martyrs confirment qu’il n’y a de sécurité qu’en Dieu, qu’il est possible de conduire sa vie tout entière pour Lui et ainsi ne jamais la perdre. Ils se sont détachés de leurs propres vies jusqu’à mourir (cf. Ap 12, 11) ; ils ont vaincu le démon et ses tentations.
En cette année jubilaire, nous sommes invités à cultiver plus encore l’espérance en la vie éternelle – celle que Jésus nous a promise (cf. 1 Jn 2, 25), unique et définitif remède à la mort – en réalisant de petits gestes de sainteté, chacun selon sa condition et son milieu de vie.
J’invite tous les fidèles (…) à la vigilance face aux multiples formes de persécutions que subissent les chrétiens dans le monde actuel. N’ayez pas honte de témoigner de votre appartenance au Christ partout là où vous vous trouvez. Comme le sel, imprégnez votre milieu de votre présence discrète mais efficace, résistant au mal et faisant le bien en toutes circonstances.
Comme les religieuses emprisonnées, que ce soit les bienheureuses qui ont perdu la vie sous la lame de la guillotine ou que ce soit celles qui en ont réchappé, n’ayons pas honte de témoigner de notre appartenance au Christ !
En effet, tous les chrétiens, partout où ils vivent, sont tenus de manifester ... par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême, et la force du Saint-Esprit qui les a fortifiés au moyen de la confirmation. Catéchisme de l’Eglise Catholique n° 2472
Père Michel BERGER, curé