Dieu en Vie Trine… ou jamais Dieu sans trois !

28 mai 2021

L’expression théologique ou l’expression imagée sont peut-être une porte d’entrée dans le mystère de la TRINITE.

 L’Eglise vit de la foi trinitaire, avant même de savoir la nommer. Pour contempler le mystère de la Trinité, il nous faut réfléchir en reprenant l’expérience séculaire de l’Eglise. Or l’Eglise a réfléchi à partir de la Révélation de Jésus-Christ. Les apôtres n’ont affirmé leur foi en la divinité proprement dite de Jésus qu’au terme d’une longue démarche.
Ils ont d’abord entendu Jésus dire « Père » à Dieu, en usant du mot « Abba » qui traduit l’abandon filial. Jésus leur est apparu comme celui qui serait à la fois Dieu regardant l’homme et l’homme regardant Dieu.
Ils ont été témoins de cette intimité entre un homme et Dieu, vécue non seulement devant eux mais pour eux puisque Jésus les invite à la partager : « Dites comme moi, Abba, Père » (Mt 6,9).

Intimité maintenue dans la souffrance la plus extrême quand le Père se tait, semble absent et que les hommes sont excessivement cruels : « Père, je remets mon esprit entre tes mains… Pardonne-leur … »

Quand Jésus est ressuscité, il est manifeste pour les apôtres que Dieu est avec cet homme. Et à la Pentecôte, ils sont envahis par l’Esprit de Jésus. Ils ont désormais en eux Celui que Jésus avait en lui, Celui par qui Jésus était ce qu’il était. Il les conduit aux mêmes actes – les actes des apôtres – à l’affrontement des mêmes risques, au même courage dans l’adversité.

C’est au terme de cette longue démarche d’interrogations et de découvertes des apôtres que l’Eglise découvre à son tour le mystère trinitaire fondé sur cette relation de don et d’amour.

Dans la Trinité, où la réciprocité est parfaite, l’amour lui-même est une personne : le Saint-Esprit.

C’est dans cet Esprit que s’échange l’Amour du Père pour le Fils, l’Amour du Fils pour le Père.

L’Amour est vécu en plénitude : il y a l’Aimant, l’Aimé et l’Amour.

L’Aimant est aimé, l’Aimé est Aimant et l’Amour est le dynamisme de cet élan par lequel les deux ne sont qu’UN, tout en étant distincts. La véritable unité n’est pas l’unicité mais la richesse d’un pluralisme soudé par l’Amour. Une symphonie est faite d’une série de notes qui ne valent que dans les rapports qu’elles soutiennent les unes avec les autres. Mais chaque note doit rester elle-même et vouloir que les autres soient elles-mêmes, car, si elle disparaissait, l’accord ne serait plus « un » mais plus pauvre !

Dans le mystère de la Trinité, dans cet échange d’amour, chacun a sa personnalité mais rien ne se fait de façon solitaire. Le Père est engagé avec l’Esprit dans l’Incarnation du Fils ; le Fils est la joie du Père ; l’Esprit ouvre le cœur des hommes à la Parole du Fils pour que puisse se réaliser le dessein d’amour du Père. Aussi est-ce à bon droit que notre nouvelle naissance se fait au nom du Père et du Fils et de l’Esprit. Toute la vie chrétienne est placée sous cette référence trinitaire.

« La Trinité de Dieu est le mystère de sa beauté. Si on le nie, on a aussitôt un Dieu sans éclat, sans joie, un Dieu sans beauté. » (Karl Barth)

Père Emmanuel Deluëgue.