La chandeleur, lueur du Christ

29 janvier 2022

Chers frères et sœurs,

 Il y a quarante jours nous avons célébré dans la joie la nativité du Seigneur. Il y a une soixantaine de jours nous avions installé nos crèches dans nos maisons et dans nos églises. Nous avions tous eu beaucoup de joie à décorer avec des guirlandes nos sapins, nos façades de maison et même les rues de nos villes et villages. Après ce temps de la Noël il est l’heure de ranger nos décorations, nos santons et comme le chante Tino Rossi dans une célèbre chanson : « Mais, au matin joyeux, Noël prend fin, alors les petits santons regagnent la boîte en carton, naïvement, dévotement ils dormiront dans du coton […] ».

Que reste-t-il maintenant de ce temps de Noël ? Qu’allons-nous garder ? Nous allons garder cette lumière qui a brillé dans la nuit de la nativité de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, cette même lumière que nous allons allumer le 2 février pour la fête de la présentation du Seigneur au Temple.

La Présentation de Jésus au Temple (cf. Lc 2,22-39) le montre comme le Premier-Né appartenant au Seigneur (cf. Ex 13,12-13). Avec Siméon et Anne c’est toute l’attente d’Israël qui vient à la Rencontre de son Sauveur. Jésus est reconnu comme le Messie tant attendu, « lumière des nations » et « gloire d’Israël », mais aussi « signe de contradiction ». Le glaive de douleur prédit à Marie annonce cette autre oblation, parfaite et unique, de la Croix qui donnera le salut que Dieu a « préparé à la face de tous les peuples ».

Le temps est venu pour Marie et Joseph de présenter l’enfant Jésus au Temple. Dans cet acte Marie et Joseph ont respecté la loi juive qui disait : « Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur » ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : « un couple de tourterelles ou deux petites colombes. » En vérité la présentation de Jésus au Temple dépasse largement ce rituel, Jésus à ce moment-là vient à la rencontre du peuple des croyants.

Le vieillard Siméon et la prophétesse Anne étaient venus au Temple sous l’impulsion de l’Esprit Saint et à ce moment-là ils reconnurent leur Seigneur. Siméon nous est présenté comme, « un homme juste et religieux, qui attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. » (Luc 2, 25-26). Siméon a ainsi reçu la promesse qu’il verrait le Messie avant de mourir, et c’est alors qu’en recevant l’enfant Jésus dans ses bras, il reconnaît en lui le Sauveur et peut proclamer : « Maintenant, ô Maître souverain tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut que tu préparais à la face des peuples, Lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël ». Après avoir vu le Messie et avoir été témoin de la Bonne Nouvelle, Siméon est prêt à « s’en aller en paix ». Ce cantique nous l’avons gardé dans la liturgie des heures dans l’office des complies, chaque soir nous le récitons, afin de demander à Dieu de nous donner le repos de la nuit après avoir été témoins de ses grâces tout au long de la journée.

Alors pourquoi les crêpes pour la chandeleur ? C’est en 472 que la fête de la Présentation de Jésus au Temple a été associée aux « chandelles » (d’où le nom de Chandeleur qui résonne comme la contraction de chandelle et de lueur) par le pape Gélase Ier qui organisa le 2 février des processions aux flambeaux, reprenant des rites païens au compte de l’Église. Peu à peu, les flambeaux des processions furent remplacés par des cierges bénis allumés dans les églises, rappelant que le Christ est la « lumière du monde ». À l’époque romaine, on fêtait vers le 15 février, le dieu de la fécondité Lupercus, car c’était le début de la saison des amours chez les oiseaux ! Les Celtes aussi fêtaient la fin de l’hiver début février. Le même pape qui christianisa la Chandeleur faisait distribuer des crêpes aux pèlerins qui arrivaient à Rome. Ainsi serait née l’origine de la tradition des crêpes de la chandeleur.

A tous bonne et sainte fête de la présentation de notre Seigneur au Temple, mais avant tout que le Seigneur répande toujours sa clarté dans nos cœurs afin de parvenir sans encombre à la splendeur de sa gloire.

Abbé Joris ROLAND