PIERRE VIVANTE, EGLISE DU SEIGNEUR

7 mai 2022

En ce quatrième dimanche de Pâques, l’image du bon pasteur nous est donnée dans l’évangile « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. » Cette parole du Christ aujourd’hui peut résonner d’une manière particulière, en ce dernier dimanche où nous célébrons la messe à la cathédrale Notre Dame avant sa fermeture pour 20 mois de travaux.

 

Ce temps de travaux est une invitation pour chacun à changer nos habitudes, à demander au Seigneur de renouveler notre façon de vivre en Eglise, en communauté et enfin à découvrir notre patrimoine religieux, riche en histoire. Regardons l’histoire de la cathédrale Notre Dame d’un peu plus près et très rapidement. La cathédrale Notre-Dame-de-Nazareth fut le siège du diocèse d’Orange durant le haut Moyen Âge (VIe siècle au VIIIe siècle), puis du XIIe siècle jusqu’à la Révolution.

 

Une première église est attestée à partir du Vie siècle (consécration en 528). La construction de la cathédrale actuelle, qui est construite sur les vestiges de cette église, est initiée par l’évêque d’Orange Aimar Bérenger de Morges, entre 1107-1127. Elle a été consacrée en 1208. En 1338, la partie supérieure du clocher est reconstruite. Au cours du Moyen Âge il était habité par le prévôt du chapitre.

 

En février 1480, le roi Louis XI confirma sa protection par ses lettres patentes (acte législatif émis par le souverain). En 1547, le tympan de la colonne sud est édifié. Le 11 novembre 1561, lors des guerres de religion, les calvinistes tentent de s’emparer de la cathédrale. Pour les en empêcher, les chanoines murent les portes. Le 20 décembre 1562, les huguenots prennent l’église, brûlent les retables, statues, autels et tableaux dans le cimetière. Ils emportent la cuve de marbre, datant de l’époque gallo-romaine, qui servait de fonts baptismaux et la déménage dans la maison commune. Ils pillent le trésor et l’orgue et jettent une grosse cloche sur les voûtes du chœur avant d’aménager la cathédrale pour le culte calviniste. Le clergé quitte Orange et se replie à Caderousse. En 1584, les catholiques sont de retour à Orange et Philippe-Guillaume d’Orange entreprend, à ses frais, la restauration de l’église Notre-Dame. Le 14 février 1599, la cathédrale Notre-Dame est consacrée.

 

En 1637, un nouvel orgue est installé puis la nef et le chœur son restaurés en 1775. En 1792, durant la Révolution française, une partie du mobilier est détruit, le chœur est transformé en grenier à foin, le reste de la cathédrale étant transformé en « temple de la Raison et de l’être suprême ». En 1795, l’église est rendue au culte catholique avant que le concordat supprime l’évêché d’Orange en 1801. En 1802 l’église-cathédrale devient paroissiale. En 1827, la porte ouest est reconstruite et, en 1862, de nouvelles orgues provenant de la cathédrale de Digne sont installées et le pavage de la nef et du chœur est refait en mosaïque d’Orange au début du XXe siècle.

 

La restauration de la cathédrale Notre Dame est aussi un symbole de la restauration de notre Eglise fondée sur les apôtres par le Christ lui-même, il y a 2000 ans. L’église construite avec de nombreuses pierres est une image, limitée soit elle, de l’Eglise du Christ où chaque baptisé est une pierre de l’édifice. Saint Augustin nous le rappelle : « Ce que nous voyons réalisé ici physiquement avec les murs doit se réaliser spirituellement avec les âmes. Ce que nous regardons ici accompli avec des pierres et du bois doit s’accomplir dans nos corps avec la grâce de Dieu ».

 

Dans quelques heures, les portes de Notre Dame seront fermées devant nos yeux, les échafaudages prendront places, afin de commencer ce long travail de restauration. Soyons déjà dans la joie de retrouver dans 20 mois une cathédrale propre et accueillante. Mais avant tout soyons des pierres vivantes afin d’édifier le royaume de Dieu dans le cœur des hommes.

Abbé Joris ROLAND, diacre