Une spiritualité de communion

24 février 2022

Le 6 janvier 2001, pour la clôture de la grande année jubilaire de l’an 2000, le pape Saint Jean Paul II a donné pour toute l’Eglise la lettre apostolique Novo millenio ineunte : au début du nouveau millénaire.
Lors de notre réunion de doyenné, jeudi dernier 24 février 2022, alors que nous faisions le point sur la manière dont les différentes paroisses vivent le synode mis en route par le pape François sur le thème de l’Eglise, nous avons fait mémoire de l’encouragement de Saint Jean Paul II à vivre la spiritualité de communion. Pour notre méditation, en ce dimanche où nous nous réjouissons de l’ordination diaconale de Joris Roland, je vous invite donc à lire (ou à relire) avec profit cette exhortation.
Père Michel Berger

43. Faire de l’Église la maison et l’école de la communion : tel est le grand défi qui se présente à nous dans le millénaire qui commence, si nous voulons être fidèles au dessein de Dieu et répondre aussi aux attentes profondes du monde.

Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Ici aussi le discours pourrait se faire immédiatement opérationnel, mais ce serait une erreur de s’en tenir à une telle attitude. Avant de programmer des initiatives concrètes, il faut promouvoir une spiritualité de la communion, en la faisant ressortir comme principe éducatif partout où sont formés l’homme et le chrétien, où sont éduqués les ministres de l’autel, les personnes consacrées, les agents pastoraux, où se construisent les familles et les communautés.

  • Une spiritualité de la communion consiste avant tout en un regard du cœur porté sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés.
  • Une spiritualité de la communion, cela veut dire la capacité d’être attentif, dans l’unité profonde du Corps mystique, à son frère dans la foi, le considérant donc comme « l’un des nôtres », pour savoir partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde.
  • Une spiritualité de la communion est aussi la capacité de voir surtout ce qu’il y a de positif dans l’autre, pour l’accueillir et le valoriser comme un don de Dieu : un « don pour moi », et pas seulement pour le frère qui l’a directement reçu.
  • Une spiritualité de la communion, c’est enfin savoir « donner une place » à son frère, en portant « les fardeaux les uns des autres » (Ga 6,2) et en repoussant les tentations égoïstes qui continuellement nous tendent des pièges et qui provoquent compétition, carriérisme, défiance, jalousies. Ne nous faisons pas d’illusions : sans ce cheminement spirituel, les moyens extérieurs de la communion serviraient à bien peu de chose. Ils deviendraient des façades sans âme, des masques de communion plus que ses expressions et ses chemins de croissance.

45. Les lieux de la communion doivent être entretenus et étendus jour après jour, à tout niveau, dans le tissu de la vie de chaque Église. La communion doit ici clairement apparaître dans les relations entre les évêques, les prêtres et les diacres, entre les pasteurs et le peuple de Dieu tout entier, entre le clergé et les religieux, entre les associations et les mouvements ecclésiaux. Dans ce but, les organismes de participation prévus par le droit canonique, comme les conseils presbytéraux et pastoraux, doivent toujours être mieux mis en valeur. Ceux-ci, comme on le sait, ne s’inspirent pas des critères de la démocratie parlementaire, car ils agissent par voie consultative et non délibérative ; toutefois, ils ne perdent pas leur signification ni leur importance à cause de cela. En effet, la théologie et la spiritualité de la communion inspirent une écoute réciproque et efficace entre les pasteurs et les fidèles, les tenant unis a priori dans tout ce qui est essentiel, et les poussant, d’autre part, même dans ce qui est discutable, à parvenir normalement à une convergence en vue de choix réfléchis et partagés.

Dans ce but, il faut faire nôtre la sagesse antique qui, sans porter aucun préjudice au rôle d’autorité des pasteurs, savait les encourager à la plus grande écoute de tout le peuple de Dieu. Ce que saint Benoît rappelle à l’Abbé du monastère, en l’invitant à consulter aussi les plus jeunes, est significatif : « Souvent le Seigneur inspire à un plus jeune un avis meilleur ». Et saint Paulin de Nole exhorte : « Soyons suspendus à la bouche de tous les fidèles, car dans tous les fidèles souffle l’Esprit de Dieu ».

Saint Jean Paul II