Chantez au Seigneur un chant nouveau !

29 mai 2019

La paroisse catholique d’Orange accueille avec bonheur un nouvel orgue.

Mot de l’archevêque d’Avignon, Mgr Jean-Pierre Cattenoz

Lors de sa bénédiction, l’évêque s’adresse au nouvel instrument, fait de bois et de métal par eux-mêmes muets, pour qu’il se mette à chanter sous les doigts habiles de l’organiste. Comme tout instrument, l’orgue est construit et préparé pour un travail et une fonction spécifiques : soutenir le chant de l’assemblée, remplir l’église de la musique que l’homme compose en prolongement de l’œuvre de la Création. Mais je tiens à souligner la finalité de l’orgue : proclamer la gloire de Dieu.

Après avoir été l’instrument du divertissement et de la pompe impériale, l’orgue a peu à peu trouvé sa place dans les églises pour y entonner la louange de Dieu, célébrer Jésus mort et ressuscité et chanter l’Esprit Saint. En effet, le génie du christianisme est d’orienter le savoir-faire des hommes vers la gloire de Dieu. Saint Benoit, le patriarche des moines d’Occident, encourageait ses frères à mettre en œuvre leurs talents d’artisan étaient « afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié. » (Règle, chapitre 57) N’est-ce pas à Dom Bedos de Celles, moine bénédictin au XVIIIe siècle, que l’on doit l’ouvrage « L’art du facteur d’orgue » ? A la même époque, Jean-Esprit Isnard, né à Bédarrides et frère convers dominicain, parcourait inlassablement la France pour y construire ou y reconstruire des orgues pour la plus grande gloire de Dieu. Aujourd’hui encore, perdure cette tradition instrumentale, liturgique et musicale qui élève l’âme.
Puisse ce nouvel instrument et ceux qui le feront chanter nous aider à reconnaître attentivement avec les « oreilles du cœur » les lois constitutives de l’harmonie musicale de la création, les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et en l’homme, et d’inventer une musique digne de Dieu qui soit, en même temps, authentiquement digne de l’homme et qui proclame hautement cette dignité. (Benoit XVI, discours au monde de la culture 12 septembre 2008)
Je remercie tous ceux qui ont permis à ce nouvel orgue de voir le jour et de trouver sa place dans l’ancienne cathédrale Notre-Dame d’Orange.

Mgr Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon

Mot du curé

Le son de l’orgue, instrument traditionnel, ajoute un éclat admirable aux cérémonies de l’Église et élève puissamment les âmes vers Dieu et le ciel. Placé en tribune, l’orgue est comparable à cette voix venant du ciel comme la voix des grandes eaux ou celle d’un fort coup de tonnerre. (Apocalypse 14, 2) Sa fonction est de prolonger l’annonce de l’Evangile dans un registre qui dépasse la parole, à l’image de la jubilation qui prolonge le chant.
En effet, la musique est un langage, semblable au langage des mots qui exprime notre pensée quand nous parlons, lisons et écrivons… La musique aussi s’écrit et se lit… tel un langage différent qui nous touche plus par l’intuition que par la démonstration d’un discours logique. Une mélodie se joue plus qu’elle ne s’explique… Jouer une mélodie et l’écouter, c’est accueillir un message. En effet, les compositeurs nous font part de leur vision du monde, ils transmettent tout autant ce qui les a touchés et ce qu’ils ont compris de la vie et de la mort que ce qu’ils ne font qu’entrevoir de l’au-delà.
La fonction de l’orgue est aussi d’accompagner l’assemblée qui fait monter vers le ciel son chant et sa prière pour célébrer son Seigneur, Jésus, mort et ressuscité pour notre salut. Dans cette assemblée, chacun – pour sa part – est un membre dont la place et la fonction sont uniques… à l’image des tuyaux de l’orgue.
Tous différents par la diversité de leur aspect, de leur taille, de leur timbre... tel tuyau parle à travers une bouche en biseau, tel autre vibre sur la lamelle de cuivre d’une anche ; l’un rugit, l’autre murmure ; la flûte... enchante ! La trompette retentit ! N’est-ce pas l’image de la richesse de notre communauté humaine ou paroissiale dans sa diversité ?

Aucun tuyau ne peut se comparer à un autre et lui dire : « Je ne suis pas si beau, si gros, si agréable ou si visible que toi. » Mais chaque tuyau a comme mission de donner la note et le timbre qui lui sont particuliers et de contribuer ainsi au bien commun.

Remercions le facteur d’orgue dont le talent a été de construire, d’ajuster, d’harmoniser et d’accorder chacun de ces tuyaux ! Accueillons maintenant les organistes qui, depuis le clavier, commandent les soupapes d’ouverture ou de fermeture de l’arrivée d’air. Ils appellent les tuyaux à s’ouvrir – tour à tour – au souffle de l’air qui les animera et les fera vibrer : chacun à sa place, chacun son tour. Ce souffle est le signe de l’Esprit Saint toujours à l’œuvre. Il ne demande qu’à être accueilli et à faire vibrer ceux qui répondent à son appel !

Si nous voulons former un orgue spirituel, veillons à être accordés au LA de l’Evangile. Veillons aussi à nous tenir à notre juste place en exprimant pleinement – pour les autres membres de la communauté – la note et le timbre qui nous sont propres.

Père Michel BERGER, curé d’Orange