Le 15 août, la grande fête de l’Assomption célèbre l’entrée de Marie dans la gloire de Dieu au terme de sa vie sur cette terre. Comme le mot d’assomption l’indique, Marie a été enlevée de la vie terrestre pour être élevée et introduite dans la plénitude de la vie en Dieu.
Cette ‘heureuse arrivée’ est l’aboutissement de toute sa vie de foi et de sa participation à la vie de Jésus. L’entrée de Marie dans la gloire a ceci de particulier qu’elle y entre corps et âme : de même que Jésus, ressuscité, est monté – corps et âme – au Ciel par sa propre puissance (ascension), de même Marie, portée par les anges, est introduite et assumée (prise, emportée) dans la joie et la lumière de Dieu avec son corps et son âme.
Nous avons du mal à saisir cette vérité de notre foi. En effet, l’expérience de la mort (salaire et conséquence du péché) nous fera connaître – si nous sommes trouvés fidèles et dans la grâce de Dieu à notre dernière heure – l’entrée dans la gloire en deux temps : notre âme d’abord verra Dieu et s’en réjouira… puis, à la fin des temps, quand Jésus viendra manifester sa victoire, notre corps ressuscitera et sera associée à notre joie d’être sauvé. Car c’est bien cela le projet de Dieu pour chacun de nous : le voir et nous réjouir en Lui dans l’intégralité de notre nature humaine… pour l’éternité ! Marie connaît tout cela en un seul et même moment.
Si Marie connaît ce qui nous paraît être une accélération et une sorte de privilège, c’est qu’Elle est, comme nous l’affirmons, préservée du péché (c’est l’Immaculée Conception) : ainsi, comme Jésus mais bien sauvée par Lui, la mort ne pouvait la garder en son pouvoir selon ce verset du psaume 15 :
tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami(e) voir la corruption.
L’Assomption est pour nous le motif d’une grande espérance : Dieu nous a fait pour Lui et ce qui est réalisé en Marie, la première en chemin et la première arrivée après le Christ, nous est aussi promis !
Nous comprenons donc pourquoi les chrétiens (catholiques et orthodoxes) célèbrent cette fête depuis les premiers siècles de l’Eglise : en Orient depuis le Ve siècle, en Occident depuis le VIIe siècle… alors que la proclamation de cette vérité comme un dogme, c’est-à-dire une vérité constitutive de notre foi, n’est que très récente : 1er novembre 1950 !
En France, la fête de l’Assomption nous est particulièrement chère puisqu’elle est un jour férié depuis 1638 ! c’est-à-dire au temps du roi Louis XIII (1610 – 1643), fils d’Henri IV et de Marie de Médicis. Après 20 ans de mariage et n’ayant pas encore d’héritier, le roi se met alors à prier - avec son épouse Anne d’Autriche - la Vierge Marie. De plus, il exprime par un Vœu rédigé dès 1637 sa volonté de prendre la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de son royaume et de Lui consacrer la France. Louis XIII a voulu que ce Vœu soit également un texte législatif et qu’il touche ainsi tout le pays : soumis au Parlement de Paris en novembre 1637, ce Voeu fut ratifié le 10 février 1638.
Le 5 septembre 1638, à Saint Germain en Laye, naquit Louis Dieudonné, qui deviendra Louis XIV.
C’est ainsi que le 15 août est devenue la fête patronale principale de la France.
Catholiques du Vaucluse, nous avons une raison supplémentaire de célébrer dignement l’Assomption : notre diocèse d’Avignon est placé sous le patronage de Notre-Dame de l’Assomption. A Orange, même si la cathédrale porte le titre de Notre-Dame de Nazareth (ce qui oriente notre regard vers l’Annonciation), nous avons au somment de l’arc triomphal du chœur une magnifique représentation de l’Assomption. Marie, la première en chemin, la première arrivée… que nous invoquons sous le titre de Porte du Ciel !
Prions tout spécialement la semaine prochaine du 17 au 22 août pour les pèlerins de notre diocèse qui se rendront à Lourdes : une cinquantaine personnes malades dont presque une dizaine d’Orange (maisons médicalisées Raoul Rose et La Deymarde) ou à mobilité réduite et une centaine d’hospitaliers pour les accompagner. Puisse ce pèlerinage les combler de grâce et prolonger ce qu’ils vivent, dans notre paroisse grâce au Service Evangélique des Malades et aux messes célébrées dans ces maisons !
Père Michel BERGER, curé