Contradictions ?

16 août 2019

CONTRADICTIONS ?
A chaque messe, nous entendons le prêtre nous rappeler la parole de Jésus : « je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». Jean 14,27. Et ce dimanche, l’évangile nous rapporte une autre parole de Jésus : « Je ne suis pas venu mettre la paix sur terre. » (Lc 12, 51) Jésus se contredit-il ?

Il y a aussi cette autre parole du Maître : « Je dois recevoir un baptême » (Lc 12, 50). Jésus n’a-t-il déjà pas été baptisé dans le Jourdain ? (Cf. Lc 3, 21) L’Evangile serait-il mal écrit ?
A différents moments, dans notre vie chrétienne, le doute peut nous saisir… quand cela ne parait pas logique… ou quand nous sommes rebutés par des paroles difficiles à entendre : « Je ne suis pas venu mettre la paix sur terre, mais bien plutôt la division » (Lc 12, 51). Jésus évoque même la discorde dans la réalité humaine qui nous tient le plus à cœur : notre famille !

Depuis des siècles, lors des baptêmes, l’Eglise se contente de verser quelques gouttes d’eau sur la tête de l’enfant qui le reçoit. Nous avons oublié le sens premier du mot baptême : plongeon, immersion… avec les conséquences de la noyade quand on reste sous l’eau trop longtemps… mais aussi avec la joie de la prise d’un souffle nouveau quand on en ressort. Si vous avez une piscine, faites l’expérience ! mais toujours sous le regard du frère !!!

Le « baptême à accomplir » dont Jésus parle est cette plongée dans le mystère de la mort, conséquence du péché originel. Jésus, conscient de sa mission, sait qu’Il vient pour traverser la mort et, par sa Résurrection, qu’Il reprendra ce souffle qu’Il a donné sur la Croix quand il remit l’esprit. Jésus parle de l’angoisse qui est la sienne jusqu’à ce que ce baptême soit accompli ! Il se languit du moment où il pourra dire : « Père, l’heure est venue ! » (Jn 17, 1), cette heure où il accomplira enfin le salut de tous les hommes.

Face à la Croix, face à Jésus, aucun homme ne peut rester indifférent. Le vieillard Syméon l’avait prédit : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction. » Lc 2, 34 En d’autres termes, chacun de nous doit choisir : accueillir en Jésus le salut de Dieu ou le repousser. Cela est bien mystérieux mais c’est un fait… Nous le savons bien : dans nos familles, les différents membres sont souvent divisés face à Notre Seigneur : les uns croient en Lui, les autres Le repoussent… peut-être d’ailleurs, ces derniers nous reprochent-ils (avec raison ?) notre tiédeur, notre inconstance ou surtout la contradiction entre notre profession de foi et notre manière de vivre.

Être chrétien n’a jamais été une situation confortable ou paisible. Déjà passés par la mort avec le Christ et héritier avec Lui de la vie éternelle dans la puissance de la Résurrection… le chrétien doit encore ‘accomplir son baptême’ dans ses bonnes œuvres, dans la persévérance. Oui, notre vie est un long temps de probation. « Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice, et il siège à la droite du trône de Dieu. Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché. » He, 12, 2-4

Nous comprenons alors que Jésus n’est pas venu apporter la paix, au sens de la tranquillité et du confort, mais le glaive qui divise et qui, sans cesse, nous provoque à la conversion. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’accueillir le salut de Dieu comme un don. Il s’agit de recevoir l’Amour que Dieu veut faire couler dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu et que le sang du Christ a été versé pour notre réconciliation avec Dieu et entre nous, les hommes. Il s’agit d’accueillir l’Esprit Saint dont le fruit est : "amour, joie, PAIX, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi." (Gal 5, 22-23)

Savourons donc, avec une oreille neuve, la parole de Jésus redite par le prêtre avant la communion : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». (Jean 14,27)
Père Michel BERGER, curé