En commémorant aujourd’hui la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres au Cénacle, demandons pour nous-mêmes et pour notre communauté paroissiale les dons dont nous avons besoin pour mieux servir Dieu. Le Saint-Esprit guida la première communauté des croyants ; Il fait de même, aujourd’hui, pour la nôtre.
Le Saint-Esprit est la Personne Divine la moins facile à se figurer ; Il n’en est pas moins présent dans nos vies et dans la vie de l’Eglise. Nous l’avons reçu au baptême et lors de la Confirmation reçue de la main de l’évêque, successeur des Apôtres, ceux-là mêmes qui entendirent au Cénacle un « violent coup de vent » (Ac 2,2) et virent descendre « des langues qu’on aurait dites de feu ». Ces langue « se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux » (Ac 2,3). Aujourd’hui encore, l’Esprit-Saint est donné à tous et à chacun. Il nous donne de contempler la formidable communion qu’Il diffuse entre les membres du Corps du Christ qui est l’Eglise. Laissons-le aujourd’hui opérer ce « violent coup de vent » dans nos cœurs. Que nous soyons fidèles ou que nous soyons prêtres, l’Esprit-Saint veut animer les instruments qu’Il s’est choisi.
Comment pourrions-nous, en effet, prier sans ce Saint-Esprit qui suscite en nous le désir de connaître Dieu, de l’aimer et d’entrer en relation avec Lui ? Depuis notre Baptême, le même Esprit-Saint qui se mouvait au-dessus des eaux au moment de la création se meut désormais en nos âmes. Nous rendons grâce pour le don de Dieu et nous affirmons qu’« avec le Père et le Fils, Il reçoit même adoration et même gloire. »
L’Esprit Saint nous conduit dans l’adoration au rebours de l’esprit du monde qui fait le culte de l’homme plutôt que celui de Dieu. L’esprit du monde élève la créature au rang du Créateur et rabaisse le Créateur au rang d’invention de la créature. L’homme veut tirer gloire de ses œuvres et se faire adorer de ses semblables. L’Esprit Saint nous apprend l’esprit filial : devant Dieu, ne nous comparons pas. En effet, ce n’est pas l’orgueil et les vanités humaines qui nous obtiennent la vie éternelle mais l’esprit d’enfance : « si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. » (Mt 18,3-4)
Chrétiens, nous avons beaucoup reçu. « A qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage » (Lc 12,48). Faisons fructifier le don de l’Esprit chaque jour par notre libre concours à Ses aspirations. Nous accomplirons alors notre vocation d’être des étoiles pour notre monde, non pas des stars à la manière du monde. « Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5,16)
Les dons du Saint Esprit ne sont pas que pour nous : ils nous sont donnés pour l’édification de nos frères. A ce titre, nous pouvons prolonger cette méditation en parlant des prêtres. Comment les prêtres qui ont reçu la charge de nos âmes pourraient-ils être prêtres s’ils n’avaient reçu le sacrement de l’Ordre par la vertu du Saint-Esprit ? Comment auraient-ils pu simplement rendre compte de leur désir de donner leurs vies à la suite du Christ, s’ils n’avaient entendu cet appel chuchoté par le Saint-Esprit dans leurs cœurs ? Comment pourraient-ils consacrer réellement le pain et le vin en Corps et Sang de Jésus-Christ sans ce même Esprit-Saint qui vient opérer cette si glorieuse et mystérieuse transformation ? Comment pourraient-ils pardonner les péchés sans le don de l’Esprit ? Comment pourraient-ils conférer tous les autres sacrements nécessaires à nos vies et au salut de nos âmes si le Saint-Esprit manquait à l’Eglise pour faire descendre la grâce divine ?
La fête de la Pentecôte nous pose alors une question essentielle : sans Dieu, que serions-nous, que pourrions-nous ? La réponse surgit, comme une évidence : RIEN. Sans l’Esprit Saint, nous ne pourrions rien faire. La parole du Christ le concernant s’applique aussi à l’Esprit Saint. « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5) et bien sûr, sans le Père, nous ne pourrions rien non plus. Dans la communion de l’Esprit Saint, à la suite de Jésus, faisons tout pour « Dieu le Père Tout-Puissant » ! Que nos vies soient le « tout honneur et toute gloire » pour Dieu qui nous aime pour les siècles des siècles Amen.
Paul Trifault, séminariste
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