Qu’ils soient un… pour que le monde croie ! Jn 17, 21

13 septembre 2019

Réflexions inspirées de l’homélie donnée par le pape François le 12 mai 2016

Connaissez-vous la fameuse histoire de Saint Philippe Néri et de la poule ? Une femme alla se confesser pour demander pardon d’avoir médit. Mais le saint, qui était joyeux, bon et pédagogue, lui dit : “Comme pénitence, avant de vous donner l’absolution, allez chez vous, prenez une poule, plumez-la : ensuite allez dans votre quartier et semez les plumes de la poule, puis revenez”. Le jour suivant, la femme revint : “Je l’ai fait, mon père, voulez-vous me donner l’absolution ?” La réponse de saint Philippe Néri fut tout aussi éloquente que surprenante : “Non, il manque quelque chose ! Allez maintenant ramasser toutes les plumes ! Car la médisance salit et détruit la réputation de l’autre, sans que l’on puisse reprendre les paroles envolées.”

En ce temps de rentrée, nous souhaitons que notre communauté paroissiale soit heureuse et unifiée dans la charité. Pour cela, prenons tous ensemble - et moi le premier - la résolution de bannir de notre bouche toute calomnie et de stopper l’effet boule de neige de la médisance…

Calomnier, c’est affirmer au sujet de nos frères quelque chose de mal et de faux, inventé de toutes pièces…
Médire, c’est tenir sur nos frères des propos malveillants en révélant leurs défauts, en soulignant leurs faiblesses, en faisant mémoire de leurs chutes… L’histoire est vraie… et bien souvent déformée…

Avant de parler, le premier tamis par lequel nous devons faire passer nos paroles est celui de la vérité. Ce que je vais dire est-il vrai ? Le fait que le mal que nous évoquons soit vrai nous laisse croire que nous ne faisons rien de mal puisque nous disons la vérité… Et pourtant, nous abîmons notre prochain en salissant sa réputation dans l’oreille et le cœur qui nous écoutent, les rendant ainsi complices du mal.

Avant de parler, faisons passer nos paroles par le filtre d’un deuxième tamis, celui de la bonté. Ce que je vais dire est-il bon ? cela va-t-il faire du bien ?

Il reste encore à faire passer notre projet de paroles par le troisième tamis de l’utilité : ce que j’allais dire est-il utile et édifiant pour la personne dont j’allais parler, pour celle à qui j’allais parler, et même pour moi ? Nous découvrirons alors qu’il est meilleur de se taire. Nous grandirons en faisant taire nos rancœurs.

Ne sous-estimons pas l’ampleur de notre médisance ! La personne qui nous écoute la répétera à quelqu’un d’autre… qui la répétera encore… formant ainsi une boule de neige qui créera une avalanche destructrice de la communauté au sein de laquelle nous avons besoin de bienveillance, de patience et de pardon.
Qui d’entre nous est sans péché ? Qui de nous est sans défaut de caractère ? Qui de nous est sans faiblesse ? Certes, il est plus facile de pointer du doigt le péché d’autrui – même et surtout quand il nous a blessé directement – que de reconnaître son propre péché, poutre que je ne vois pas dans mon œil alors que je me fais fort d’enlever la paille de l’œil de mon frère. Cf. Mt 7, 3-5 et Lc 6, 41-42

Aidons-nous les uns les autres en faisant taire nos interlocuteurs quand ces personnes deviennent « zizanières » — comme on appelle en Argentine les personnes qui diffusent les commérages (cf. homélie du Pape François le 12 mai 2016). Ces paroles causent des divisions – la zizanie – au sein de l’Église. Oui, les divisions commencent avec la langue par envie, jalousie… La langue est capable de détruire une famille, une communauté, une société… en semant l’envie et le dédain qui croissent en haine et guerres intestines.

Alors, si nous avons péché par médisance, allons-nous confesser sans tarder !

« Débarrassés du mensonge » (Ep 4, 25), les disciples du Christ ont à « rejeter toute méchanceté et toute ruse, toute forme d’hypocrisie, d’envie et de médisance » (1 P 2, 1). Catéchisme de l’Eglise Catholique n° 2475

Mordons-nous donc la langue quand nous commençons à parler des autres et que monte en nous la tentation de médire. Nous glissons si vite vers la malveillance ! Fermons notre bouche, sauf s’il s’agit de dire du bien, c’est-à-dire de bénir (1 P 3, 8-9). Alors, nous serons en communion, un, comme le Père et Jésus sont UN, dans la communion de l’Esprit Saint. “Père, je prie pour ceux qui croient en moi, afin que tous soient un, comme toi et moi”. Jésus a prié pour nous, pour nos communautés, pour nos paroisses… afin “qu’ils soient un”. Pour que la prière de Jésus s’applique à notre communauté, faisons taire bavardages, commérages et médisances… et prions pour que le Seigneur nous fasse grâce du don qui fait l’unité : l’Esprit Saint.

Père Michel BERGER, votre curé