Voir et aimer Jésus dans les autres

4 avril 2019

Des pauvres, vous en aurez toujours autour de vous, et vous pourrez leur faire du bien quand vous le voudrez ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours.
Evangile selon Saint Marc 14, 7

A tout moment de l’année, mais plus particulièrement en ce temps de Carême, nous sommes appelés à découvrir Dieu présent chez les autres. En effet, dans leur rencontre et à leur service, Il m’attend.

Dès l’Ancien Testament, la parole de Dieu dit, au livre de la Genèse : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance. » Cela nous indique que tout homme - et chacun de nos frères et sœurs en humanité- représente Dieu. Nous ne parlons pas d’image au sens physique, car Dieu - au sens littéral du mot- n’a pas de corps. Si nous disons que Dieu a créé l’homme à son image, cela indique que l’homme est un être en progression, capable lui aussi de créativité et de fécondité, doué de liberté. Dieu se manifeste alors dans nos frères et nos frères montrent l’image de Dieu invisible.

Dans le Nouveau Testament, nous découvrons que Jésus aime les pauvres auprès de qui Il se rend plus particulièrement et fréquemment. L’enseignement de Jésus (Evangile de Saint Mathieu 25, 31-46) annonce le fait qu’au jour de sa venue dans la gloire, le Christ jugera les hommes sur leur amour pour les malheureux. Les pauvres existent bel et bien ! ... et ils existeront toujours dans notre monde. Ils sont ceux que Jésus a choisi de rencontrer en priorité. Il nous enseigne d’abord par son exemple. En l’imitant, nous savons que « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». En détournant notre regard ou notre cœur, « chaque fois que vous NE l’avez PAS fait à l’un de ces petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait ». A la suite de Jésus, l’Eglise nous oriente à penser plus particulièrement aux pauvres. Je vous rappelle la lettre du Pape François en ce carême 2019 qui dit : « Faisons nous proches de nos frères et sœurs en difficultés en partageant avec eux nos biens spirituels et matériels ».

Alors que notre société est basée sur le « donnant-donnant » et l’esprit d’échange, Jésus (Luc 14, 12-15) nous enseigne la gratuité. N’attendons donc pas de retour quand nous prenons soin des pauvres et des petits : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ». (Matthieu 10, 8)

Il est plus facile de parler des pauvres que de les rencontrer et de les aimer. Posons-nous aujourd’hui honnêtement la question : « est-ce possible dans notre vie d’aimer les pauvres ? ». Bien sûr, chacun de nous a sa façon de pratiquer la charité. Poussé par l’Esprit Saint, chacun de nous peut orienter son action vers telle ou telle situation, vers telle ou telle personne… mais concrétisons-nous vraiment notre intention d’aimer et de servir les pauvres ?
Sainte Mère Teresa nous a laissé l’exemple de la mise en pratique de la Parole de Dieu. Le Pape Jean Paul II le soulignait pendant l’Homélie de la béatification en 2003 : « Mère Teresa, la femme courageuse, a reconnu le Christ dans les plus pauvres ». Il rappelait aussi qu’au-delà de la Parole de Jésus sur la Croix « j’ai soif », Mère Teresa avait été profondément touchée par la parole de l’évangile : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40) au point de ne plus faire de différence entre le Corps du Christ et celui des pauvres malades ou mourants dont elle prenait soin. Elle disait : « Tout geste d’amour, si petit qu’il soit, à l’égard du pauvre et de l’indésirable, est important pour Jésus ».
D’une manière renouvelée, le Pape François oriente l’Eglise catholique et ses membres vers les pauvres. Il a institué, en 2016, la journée mondiale des pauvres célébrée le troisième dimanche de novembre. Pour le Souverain Pontife, « les pauvres sont aux premiers rangs de l’Église ». Le 18 Novembre 2018, le Pape François annonce que, devant les cris des pauvres, “Le chrétien ne peut rester les bras croisés”. Le Saint Père encourage ses auditeurs quand il dit : « demandons la grâce d’entendre le cri de celui qui vit dans des eaux tumultueuses, le cri des pauvres » … « le cri des nombreux Lazare qui pleurent ». Lazare qu’on cite ici est le symbole de tous les pauvres.
Les trois mots clés qui nous aident à bien vivre ce Carême avec nos frères sont : le pardon, la correction fraternelle et la charité. Bonne marche vers Pâques.

Père Pascal Ratiarison