Gaudete ! Réjouissez-vous !

10 décembre 2021

C’est aujourd’hui le « dimanche de la joie »
… et les paroisses qui en ont dans leur garde-robe sont invitées, en ce troisième dimanche de l’Avent, à revêtir le prêtre d’une chasuble rose. Oui, les chrétiens sont porteurs du plus formidable message de bonheur. Mais sommes-nous encore capables d’entendre les « invitations » de Dieu ? Aujourd’hui, par son prophète Sophonie, il nous invite à faire, avec Lui, un tour de danse ! Notre Dieu est le Seigneur de la joie, le Seigneur de la danse. Ecoutez ce qu’il dit : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovations. Réjouis-toi. Tressaille d’allégresse … Car le Roi, ton Seigneur, est en toi ! Ton Dieu est en toi : il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête ! » Et Saint Paul insiste dans la seconde lecture : « Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur … ne soyez inquiets de rien ! »

Cette joie de Dieu envahissant nos propres cœurs, est-elle possible ? Est-elle réaliste, quand on est écrasé de soucis et d’épreuves ? L’évangile d’aujourd’hui, dans son réalisme très concret, nous répond que c’est possible mais à trois conditions, que le prophète Jean-Baptiste nous décrit.

1- Le monde est un mélange de bien et de mal, mais il avance vers une séparation radicale, un jugement qui le nettoiera de tout mal ! C’est curieux, dit Dieu, les humains ont tendance à ne voir, avec pessimisme, que ce qui va mal dans le monde. Ils voient la « paille », des déchets qui traînent sur l’aire à battre le blé. Mais il y a le « bon grain » ! C’est vrai, dit Dieu, ce monde tel qu’il est aujourd’hui, est un mélange de « grain savoureux » et de « paille sans valeur ». Mais ça ne durera pas toujours, croyez-moi ! Ah ! Non, dit Dieu, ce n’est pas pour tout ce gâchis que j’ai créé le monde et l’homme. Mais attendez ! Il vient, Celui qui va nettoyer son aire à battre le blé, « il tient déjà en main sa pelle à vanner, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas ». Croyons-nous à ce « Jugement » que Dieu nous annonce ? Car c’est précisément cela que signifient ces images bibliques traditionnelles. Le gâchis de notre monde mauvais ne durera pas toujours  : un jour, Dieu séparera définitivement le mal du bien. Heureusement.

2- Il nous faut, dès maintenant, changer quelque chose en nous, pour construire ce monde nouveau. Non ! Ce n’est pas possible que continue ce monde pourri, où certains sont gavés pendant que d’autres meurent de faim ou de noyade. Eh bien ! Que « celui qui a de quoi manger partage avec les autres ». Ce n’est pas possible que certains, qui sont en position de force professionnellement, aient une sorte de privilège sur ceux qui sont sous leurs ordres. Eh bien ! Vous les publicains, vous les soldats … vous tous, qui avez les moyens, par votre situation, de dominer les autres, « ne faites ni violence ni tort à personne ».
Allons-nous écouter ces fortes paroles de Jean-Baptiste ? Allons-nous même, tout simplement, oser poser la question dans l’évangile d’aujourd’hui : « et nous… que devons-nous faire » pour que quelque chose change dans nos vies ? Que devons-nous faire pour bâtir le monde nouveau, le monde de la « joie de Dieu, et de nous » ?

3- Seul Dieu peut vraiment nous changer, en intervenant dans nos vies, si nous consentons à nous plonger dans son baptême de feu et d’Esprit-Saint. On oublie trop souvent la deuxième partie de l’évangile d’aujourd’hui. On en reste à la morale : « Que devons-nous faire ». Pourtant, le message de Jean-Baptiste comporte l’annonce que nos efforts de conversion ne suffiront jamais. Dieu va venir, dit-il, et il est « plus puissant que moi ». Il va venir pour vous « éventer », pour vous « purifier ». C’est un « feu » qui vient pour nous « brûler, pour nous purifier ».

C’est un « souffle » - le mot « Esprit » qui signifie, aussi, le vent - qui vient pour séparer le grain de la paille. Le « Souffle de Dieu » sur nos vies. Allons-nous accepter de nous y plonger ? C’est le sens du mot ‘baptiser’.

Pour danser avec Dieu, pour découvrir la joie du monde nouveau, ne manquons pas de passer par ce baptême dans l’Esprit de Dieu.

Stanislas Tamby, diacre