En arrière-plan de la rentrée scolaire, n’oublions pas que, dans notre pays de France, le projet de loi légalisant le suicide assisté et l’euthanasie arrive au Sénat le 7 octobre. Il est de mon devoir de curé de vous redire ce que j’avais publié il y a déjà trois ans. Les évêques de France ont mis à notre disposition un dossier sur cette question vitale pour nous-mêmes et pour notre société. Ne restons pas passifs !
De quoi s’agit-il ?
Il s’agit de donner un droit civil à une fin de vie libre et choisie. En d’autres termes, il s’agit de pouvoir choisir sa mort. On ajouterait donc la mort à la panoplie des soins médicaux…
Il y a 30 ans, dans l’encyclique l’Evangile de la vie (EV), Saint Jean-Paul II parlait déjà de ce sujet : se rendre maître de la mort en la provoquant par anticipation (EV n°64) et poser une action qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur. Il s’agit donc d’une grave violation de la Loi de Dieu (EV n°65)
Pour quels motifs ?
- l’utilitarisme : un malade en fin de vie coûte cher… ‘notre société ne peut plus porter des dépenses improductives si lourdes’… Mais… que voulons-nous ? L’efficacité ou l’humanité ?
- la ‘compassion’ : ‘il faut avoir pitié des personnes qui souffrent ou qui, en fin de vie, ne sont plus autonomes’…
De quel droit ?
Oubliant son rapport fondamental avec Dieu, l’homme pense être pour lui-même critère et norme. (EV n°64)
Nos contemporains revendiquent donc pour eux-mêmes la plus entière autonomie morale de choix et demandent que l’État garantisse le champ le plus étendu possible à la liberté de chacun (EV n°69)… comme si la vie était un bien relatif alors qu’elle est un bien absolu ! En effet, à tout âge, au plus intime de nous-mêmes, nous percevons une inclination innée à la vie (EV n°66). Parce qu’elle est don de Dieu, cette inclination nous précède.
Les mots ont un ou plusieurs sens… attention à la confusion !
- l’expression ‘mourir dans la dignité’ a été médiatiquement monopolisée en faveur de l’euthanasie.
- suicide assisté associe deux mots contradictoires… agir par soi-même et faire intervenir un tiers…
- douleur (avoir mal) et souffrance (être mal) sont deux sujets imbriqués et liés… on sait aujourd’hui soulager la douleur et accompagner la personne qui souffre alors que les soins palliatifs ne sont pas assez développés.
- ainsi, le mot compassion ne peut pas être tordu pour servir d’argument en faveur de la mort...
- le mot autonomie a plusieurs sens selon qu’elle est physique, psychique, morale ou spirituelle…
Quelques remarques étayées par l’expérience des acteurs des soins palliatifs ainsi que des visiteurs de malades
Interrogeons-nous sur la manière dont nous habitons notre vie. Observons aussi comment les personnes en fin de vie savent encore trouver du sens à leur vie amoindrie… et demandent à ce qu’on ne leur vole par leur mort !
La vraie compassion rend solidaire de la souffrance d’autrui. (EV n°66) En effet, la demande qui monte du cœur de l’homme dans sa suprême confrontation avec la souffrance et la mort, spécialement quand il est tenté de se renfermer dans le désespoir et presque de s’y anéantir, est surtout une demande d’accompagnement, de solidarité et de soutien dans l’épreuve (EV n°37). Le personnel des soins palliatifs sait ainsi reconnaître que le cri « Je veux mourir » est d’abord et avant tout : « aidez-moi, prenez soin de moi… » Et les médecins s’appliquent souvent l’adage : « Guérir, parfois. Soulager, souvent ! Consoler, toujours ! »
Que faire ?
- Lire les enseignements lumineux et prophétiques de Saint Jean Paul II dans son encyclique l’Evangile de la vie (n°64 à 74) et dans sa lettre apostolique Salvifici doloris sur le sens chrétien de la souffrance humaine (1984).
- Lire aussi le document récent (approuvé par le pape François) de la congrégation pour la doctrine de la foi intitulé : Lettre Samaritanus bonus sur le soin des personnes en phases critiques et terminales de vie. (14 juillet 2020)
- Ecrire à nos trois sénateurs Jean-Baptiste BLANC, Alain MILON, Lucien STANZIONE
pour leur dire notre préoccupation et leur responsabilité face à la perspective de cette loi. L’instauration d’un « droit à mourir » risque d’exercer une pression sourde mais réelle sur les personnes âgées, malades ou en situation de handicap.
Nous pouvons aussi souligner la fragilisation de la prévention du suicide et demander que la priorité aille à la réparation du système de santé et à la mise en place effective – sur tout le territoire – des soins palliatifs.Sénat
Casier de la Poste
15 rue de Vaugirard
75291 Paris Cedex 06
Et bien évidemment, prions !
Père Michel BERGER, curé