Alleluia ! Enfin, nous te retrouvons !

19 avril 2019

Cher Alleluia, nous sommes heureux de te retrouver, toi qui est deux mots en un ; en hébreu, hallel, c’est la louange, la bénédiction, la reconnaissance, la prière dans la joie… et ia, c’est le tout début du nom de Dieu que l’on de prononce pas…
Alleluia ! Chantons la victoire de Jésus et notre reconnaissance… dans une joie triomphante !
Ils sont finis les temps de pénitence et les jours de la Passion. Nous pouvons chanter Alleluia : Christ est entré dans la gloire
Pourtant, ce matin, lorsque nous nous sommes réveillés, les épreuves de notre vie sont toujours là. Mais comme le dit Saint Augustin : Chantons dès ici-bas l’alléluia au milieu de nos soucis, afin de pouvoir un jour le chanter là-haut dans la paix. Quels soucis, quelles épreuves ? La vie humaine tout simplement… décrite par Job comme une corvée sur la terre ! (Job 7,1) Seigneur, comment me voudrais-tu sans soucis en cette vie où l’épreuve est si forte que la prière même qui nous est prescrite, celle que Jésus nous apprise, nous fait dire : Garde nous d’entrer dans la tentation ? Comment tout le peuple de Dieu serait-il dans le bien-être, alors qu’il s’écrie : Délivre-nous du mal (Mt. 6,13) ?
En ce jour de Pâques, tout en nous réjouissant dans la foi, notre cœur reste tourné vers ceux qui sont dans la souffrance, sur un lit d’hôpital ou tout simplement, vers ceux qui vivent et dorment dans la rue. Délivre-nous du mal, Seigneur. Nous ne restons pas insensibles à tout ce qui, autour de nous, est une épreuve… Mais nous chantons l’alléluia à Dieu qui, dans sa bonté, nous délivre du mal...
Pour chanter cet Alleluïa, il faut deux choses : 1) une préparation du cœur et des voix ; 2) du temps pour que la musique puisse s’exprimer et se développer.
Et c’est exactement l’Evangile de ce jour de Pâques : les deux disciples qui sont en route de Jérusalem vers Emmaüs sont accablés de tristesse parce que leur plus grand espoir a été déçu. Ils espéraient que Jésus se manifesterait au monde et que, par ses actes et ses paroles, avec sa puissance, il mettrait de l’ordre dans ce monde. Mais voilà que, alors qu’il était innocent, il a été condamné injustement et mis à mort, il a été crucifié. Et nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. N’avons-nous jamais prié pour demander à Dieu : « Allez, Seigneur, fais l’ordre, apporte la paix, fais le ménage toi-même ! » Et le Seigneur ne nous montre rien d’autre que le mystère de sa mort sur la Croix et le silence du tombeau…
Au matin de Pâques, personne n’est immédiatement témoin de l’instant même où Jésus est sorti du tombeau. Et voilà que Lui-même se joint à nous alors que nous sommes sur la route. Mais nos yeux sont encore empêchés de le reconnaitre. Alors Jésus, tout simplement, nous demande : « De quoi parlez-vous ? Quels sont vos soucis ? Qu’est-ce qui vous habite ? »
Avec les disciples d’Emmaüs, nous faisons part à Jésus de nos espoirs déçus et de nos attentes. Jésus ouvre alors le sens de la Parole à ses disciples et Il leur donne à la compréhension des Ecritures. Notre religion est bien celle de la Parole vivante. Nous avons besoin que quelqu’un nous l’explique, que quelqu’un nous la partage. C’est ce que fait Jésus ; c’est ce que nous pouvons faire les uns pour les autres… lorsque nous écoutons et que nous ouvrons à l’autre des pistes d’espérance.
Reste avec nous Seigneur, car le soir approche et déjà le jour baisse. Bien sûr, il faut faire la pause pour la nuit. Mais le chemin initié tout au long de la journée ne peut pas s’achever. Chante et marche, dit Saint Augustin ; continue ton chemin. Dès maintenant, frères et sœurs, chantons, non pour agrémenter notre repos, mais pour soutenir nos labeurs, comme on chante sur la route.
Chante et marche ; canta et ambula. Soutiens ton labeur en chantant. C’est notre alleluia, c’est notre louange au Seigneur qui nous donnera de reprendre cœur, de reprendre force et de goûter vraiment le mystère de la Résurrection, de goûter vraiment la joie que Jésus est venu nous donner, cette joie que le monde ne peut pas nous donner. Mais lorsque cette joie nous est donnée par le Seigneur, personne ne peut nous la prendre. A tous, joyeuses Pâques !

Père Michel BERGER