COMMENT PEUT-ON « CROIRE » A LA RESURRECTION ?

16 avril 2022

C’est aujourd’hui la plus grande fête de l’année ! Elle ne l’est pas seulement pour les chrétiens ! A bien y regarder, elle concerne tous les hommes, tous les mortels ! Car tout homme qui réfléchit doit reconnaître qu’il n’y a, en définitive, que deux pouvoirs sur la terre des hommes : celui de la mort, qui gagne toujours, si Jésus n’est pas ressuscité et celui de Jésus vivant, si c’est vrai qu’IL a vaincu la mort pour nous.

 

Originalité absolue de la résurrection de Jésus.

Il faut, en effet, bien comprendre la différence entre la résurrection de Jésus, et toutes les autres. Lazare, la petite fille de Jaïre, le fils de la veuve de Naïm, ont été, pour ainsi dire, seulement « ré-animés »  : ils ont recommencé à vivre « comme avant », toujours soumis aux lois de la condition humaine, avec des souffrances nouvelles, et, un jour, ils ont eu à subir la mort une deuxième fois ! Jésus, au contraire, est entré dans « une vie totalement nouvelle », sur laquelle « la souffrance et la mort n’ont plus aucun pouvoir » (Rm6,9). Pour faire comprendre ce cas absolument original, saint Paul utilise la comparaison du « grain de blé » : tu sèmes un grain de blé rempli de farine blanche et il en sort une tige verte ainsi Jésus n’a pas retrouvé son corps de chair mortel, mais IL est ressuscité dans un corps spirituel (1 Co 15,44). Par sa résurrection, Jésus n’est pas « revenu » à sa vie d’auparavant, IL est « entré dans la Gloire du Père » : Il n’est donc plus soumis aux limites du temps, du lieu, de l’opacité, de la pesanteur… Mais qu’est-ce qui nous permet d’apporter ces précisions capitales ?

 

Le signe des linges « affaissés »

Souvent, on se contente de parler du « tombeau vide ». Et il est vrai que ce fameux tombeau est omniprésent dans le récit de saint Jean, témoin oculaire. En effet, le mot « tombeau » revient jusqu’à sept fois dans cette courte page. Pourtant, toute l’insistance est sur les « linges ». « En se penchant, il voit les linges (othonia) affaissés (keimena). Cependant il n’entre pas. Simon Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il voit les linges affaissés, et le suaire (soudarion) qui avait été posé sur la tête, non pas affaissé avec les linges, mais enroulé distinctement, exactement à sa place. C’est alors qu’entre disciple qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut ».

C’est bien la disposition des linges qui a provoqué en Jean l’éclair de l’intuition : Il est ressuscité ! Dans ce tombeau, personne n’était entré, rien n’avait été « déplacé ». Bien que Marie-Madeleine ait affirmé : « on a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis », il était manifeste que cette hypothèse de l’enlèvement était fausse. Car les linges n’avaient pas bougé de place, et il n’y avait aucune trace que quiconque les ait touchés. Simplement, le corps physique de Jésus ayant cessé d’être là, à l’intérieur des linges, ceux-ci s’étaient seulement « affaissés » sur place. Et, surplus de précision, noté avec insistance, le « suaire », cette sorte de serviette qui entourait le visage pour en tenir la bouche fermée, était resté enroulé à l’endroit maintenant vide où avait reposé la tête de Jésus, à l’intérieur même du grand linceul formant comme une couronne sous le drap. Non, des voleurs de cadavre n’auraient pas pris ces précautions. Les linges et le suaire n’avaient été touchés par aucune main humaine. Et le cadavre ne s’était pas « relevé », non plus ! Seulement ce corps avait disparu, comme volatilisé, « spiritualisé », dira saint Paul.

 

Seule la foi nous introduit à ce mystère divin.

L’homme, avec ses sens, sa raison, son imagination, n’a aucun moyen de contrôler scientifiquement un tel événement hors du commun. Et Jean lui-même est d’une immense modestie : « il vit, et il crut ». Remarquons bien que Jean n’a pas encore vu Jésus ressuscité. Cela, il le racontera dimanche prochain, dans la page qui suit celle d’aujourd’hui. C’est par la foi qu’il a « cru ». C’est par la foi seule qu’on accède au mystère divin de la résurrection au sens strict. Cela ne veut pas dire que la foi est irrationnelle ou absurde. L’Evangile nous a rapporté les « signes » concrets, historiques, qui ont amené les témoins oculaires à « croire ». « Il vit ». Il vit le signe des « linges affaissés ». On devine l’émotion de Jean, devant ce phénomène absolument neuf, et qui fonde notre espérance : ce n’est pas la mort qui a le dernier mot de la vie, c’est Dieu. Aujourd’hui, comme chaque dimanche -jour inventé pour cela- nous chantons notre foi à tous nos frères mortels : « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir. ALLELUIA ! Gloire à Toi, Seigneur ! » 

Stanislas Tamby, diacre