Les clés du Royaume des cieux

21 août 2020

Il est rarement question de clés dans la Bible, à peine une dizaine de fois, dont les deux lectures de ce dimanche, où nous voyons

  • Jésus annoncer à Saint Pierre qu’Il lui donnera les clés du Royaume des cieux (Mt 16, 13 -20)
  • et une grosse clé, celle de la maison de David, que le serviteur de Dieu, Eliakim, fils de Hilkias, reçoit sur son épaule (Isaïe 22, 19 - 23). Elle est l’insigne de son pouvoir et lui permet

o d’ouvrir ce que jamais personne n’a pu ouvrir jusqu’ici et que personne ne pourra plus jamais fermer

o et de fermer ce que jamais personne n’a pu fermer jusqu’ici et personne ne pourra plus jamais ouvrir.

Eliakim annonce Jésus, le Fils de Dieu qui s’est fait le Serviteur de Dieu et des hommes. Tout ce que le Sauveur a fait et dit dans l’Evangile se résume dans cette parole de l’Apocalypse : « je fus mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant la clef de la mort et de l’Hadès. » (Apocalypse 1, 18)

Qu’est-ce que Jésus a ouvert ? Qu’est-ce qu’Il a fermé ?

Par le péché originel et par son péché personnel, l’homme s’est retrouvé emmuré dans une chambre noire, isolé dans les ténèbres et l’ombre de la mort. Jésus nous y rejoint et passe lui-même par la mort qu’il surmonte et dont il est vainqueur par sa Résurrection. Par sa mort, il a vaincu la mort. Jésus a ainsi endigué la fatalité du péché qui régnait sur l’homme en le tenant captif. Il a ouvert définitivement la porte de la vie éternelle et Il a définitivement fermé la porte de la mort. Par Lui notre Sauveur, nous pouvons passer et entrer par l’alliance qu’il propose à notre liberté restaurée et renouvelée.

Au moment où, dans l’Evangile, Jésus commence à préparer ses disciples à sa Mort et à sa Résurrection, Il prépare également l’avenir en fondant son Eglise. C’est à Simon – qui reçoit le nouveau nom de Pierre – que Jésus veut confier les clés du Royaume des cieux : « Tu es Pierre et sur cette Pierre, je bâtirai mon Eglise » (Mt 16, 18) dont la mission est de communiquer aux hommes, au cours des siècles, la victoire de Jésus sur la mort, le péché et le mal. La victoire que Jésus nous a acquise personnellement rejaillit sur tous ceux qui croient en Lui et reçoivent le baptême. Chaque chrétien est donc assuré, avec toute l’Eglise, que la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle mais aussi sur celui qui se tient fidèlement dans la grâce de Dieu, dans l’état de grâce.

A Pierre et à ses Successeurs, mais aussi à tous les évêques, successeurs des apôtres comme à tous les prêtres et diacres - selon leur grâce propre - mais encore à tous les baptisés de faire fonctionner les deux clés de Saint Pierre :

  • la première : celle de l’annonce de la Bonne Nouvelle du Salut : par votre péché, vous faisiez mourir le prince de la vie. Dieu l’a ressuscité d’entre les morts : nous en sommes les témoins. Et par la foi en son nom, vous pouvez être sauvés. Convertissez vous afin que vos péchés soient effacés. (Actes 3, 15 -17)
  • la deuxième : celle des sacrements et tout particulièrement ceux du baptême et de la pénitence & réconciliation où le fardeau qui pesait sur l’homme pécheur est délié pour être effacé…

Les clés que Jésus a confiées à son Eglise n’ont qu’une seule raison d’être : nous conduire à la personne vivante de Jésus, le Serviteur, qui porte sur son épaule la seul et unique clé du salut.

Les clés du Royaume des cieux ne sont pas les clés de Fort Boyard. Elles ne sont pas acquises par nos prouesses techniques ou nos exploits sportifs… elles nous sont données par l’Eglise. Elles ne nous conduisent pas à un trésor matériel qu’il faudrait amasser, même pour le donner ensuite à une œuvre de charité… Elles nous conduisent à la personne de Jésus, le Roi qui se tient caché dans la Demeure centrale du château intérieur, pour reprendre l’image donnée par Sainte Thérèse d’Avila.

Demandons donc à l’Eglise de nous donner :

  • la clé de l’identification, celle qui nous permettra de découvrir tout au long de notre vie qui nous sommes vraiment : créés à l’image de Dieu, aimés de Dieu, appelés fils de Dieu parce que nous le sommes vraiment. Prions pour que notre identité chrétienne soit intérieure et non pas un maquillage extérieur…
  • la clé d’authentification qui nous permettra de nous épanouir dans le bonheur que Dieu veut pour nous. Prions pour que nous sachions discerner dans le monde contemporain tout ce qu’il nous propose de frelaté pour l’éviter et nous attacher à ce qui donner la joie et la paix authentiques, profondes et durables, fruit de l’Esprit Saint.

Demandons à l’Eglise ces clés et travaillons les pour qu’elles soient toujours mieux ciselées : acceptons qu’elles soient marquées de la croix de Jésus et correspondent ainsi chaque jour davantage à ce que Dieu veut pour nous… non pas pour nous complaire dans la souffrance mais pour que nous puissions vraiment accueillir Jésus comme notre Sauveur personnel, le Seigneur de notre vie… en d’autres termes, prions et agissons pour que nos clés correspondent à la clef de David : que notre vie, nos pensées, nos paroles et nos actions soient celles de Jésus, dans une parfaite imitation et correspondance.

Père Michel BERGER, curé