A chaque fois qu’il célèbre un baptême, le prêtre ou le diacre célébrant adresse à Dieu une prière de délivrance.

« Père tout puissant, tu as envoyé ton Fils unique dans le monde pour délivrer l’homme esclave du péché et lui rendre la liberté propre à tes fils. Tu sais que cet enfant, comme chacun de nous, sera tenté par les mensonges de ce monde et devra résister à Satan. Nous t’en prions humblement par la Passion de ton Fils et sa Résurrection, arrache-le au pouvoir des ténèbres et donne-lui la force du Christ et garde le tout au long de sa vie, par Jésus notre Seigneur. »

Appelée aussi exorcisme, cette prière rappelle que nous avons, depuis notre conception et jusqu’à notre baptême, commencé notre vie ‘dans le camp des prisonniers’. Je fais référence à ces jeux d’enfants, dans les cours de récréation où l’on joue au loup, au jeu de barres ou au ballon prisonnier. Il arrive que l’on soit mis temporairement hors-jeu et qu’on doive attendre d’être délivré, soit parce que quelqu’un de notre camp vient nous rejoindre soit parce qu’il nous envoie le ballon nous permettant de nous libérer...

Jusqu’au baptême, privé de la grâce qui fait de nous des fils adoptifs de Dieu, nous étions esclaves du péché et prisonniers du mal. Mais quand Jésus vient nous sauver et nous libérer de cette situation, nous pouvons enfin, dans la foi et par sa grâce, commencer à ‘jouer notre vie’ dans la dignité des enfants de Dieu avec l’espérance de la vie éternelle. Mais cela nous demande coopération, vigilance et effort soutenu :

• coopération à l’œuvre du salut : au jour de son baptême, un adulte est invité à renoncer à Satan, à toutes ses œuvres et à toutes ses séductions.
• vigilance et effort soutenu : chaque année, lors de la veillée pascale, avant de renouveler notre profession de foi, nous renouvelons ce rejet fondamental et durable du péché et de son emprise, de tout ce qui conduit au mal et de Satan qui est l’auteur du péché.

Alors que cela est clair, qui de nous n’a pas été ou n’est pas tenté d’assaisonner sa foi en Jésus avec de la magie ?

Ainsi, aujourd’hui dans notre pays, 58 % de nos contemporains déclare croire aux sciences occultes : voyance, astrologie, chiromancie, cartomancie, consultation de médiums ou de guérisseurs… ésotérisme, chamanisme, spiritisme, occultisme… A tel point qu’il y a aujourd’hui, 100 000 voyants déclarés pour seulement 13 000 prêtres en France… ! A n’en pas douter, nos contemporains sont en recherche spirituelle… et se constituent ainsi une forme de religion personnelle.

Il est de mon devoir de curé de vous alerter sur les risques qu’un baptisé prend pour sa vie spirituelle quand il se tourne vers des pratiques magiques ou occultes :

- la prière chrétienne demande – dans une relation personnelle où les interlocuteurs (Dieu et le fidèle) se connaissent – un bienfait spirituel ou parfois matériel (guérison). Demandé avec confiance par le fidèle, le bienfait est accordé librement par Dieu, par amour et par miséricorde… dans la puissance de la Résurrection de Jésus.

- en cherchant à manipuler des forces et des puissances du monde invisible pour les mettre à son service, la magie cherche à obtenir un bienfait immédiat, rarement d’ordre spirituel : guérison, richesse, pouvoir, sécurité… Les interlocuteurs, s’il y en a, sont cachés ou inconnus… et quand ils apparaissent, ils sont malveillants et ténébreux…

Je tiens donc à citer le pape François dans son audience du mercredi 4 décembre 2019 où il évoquait, à partir des Actes des Apôtres 19, 1-7, l’incompatibilité entre la foi dans le Christ et la magie :

Si tu choisis le Christ, tu ne peux pas avoir recours au magicien : la foi est un abandon confiant entre les mains d’un Dieu fiable et qui se fait connaître, non à travers des pratiques occultes, mais par une révélation et un amour gratuit. Peut-être l’un d’entre vous me dira-t-il : « Ah, oui, ce fait de la magie est quelque chose d’antique : aujourd’hui, avec la civilisation chrétienne, cela n’arrive pas ». Mais faites attention ! Je vous le demande : combien d’entre vous vont se faire tirer les tarots, combien de vous vont se faire lire les lignes de la main ou les cartes ? Aujourd’hui aussi, dans les grandes villes, des chrétiens pratiquants font ce genre de choses. Et à la question : « Mais comment se fait-il, si tu crois en Jésus Christ, que tu ailles chez le magicien, chez le devin, chez tous ces gens ? », ils répondent : « Je crois en Jésus Christ, mais par superstition, je vais aussi chez eux ». Je vous en prie : la magie n’est pas chrétienne ! Ces choses que l’on fait pour deviner l’avenir ou deviner tant de choses ou changer une situation de vie, ne sont pas chrétiennes. La grâce du Christ t’apporte tout : prie et remets-toi au Seigneur.

Ceux qui veulent approfondir le sujet liront avec intérêt : Les nouveaux visages de l’ésotérisme ouvrage du Père Jean-Christophe Thibaut paru en septembre 2022 aux éditions Artège.

Père Michel BERGER, curé