Le vide laissé par Dieu est un appel

4 décembre 2020

Toute la vie chrétienne est une recherche de la présence de Dieu – c’est peut-être le sens de ce temps de l’Avent – mais l’expérience la plus immédiate que nous faisons, c’est une absence. Or notre désir n’est pas vain car il repose sur la promesse que Dieu sera toujours avec nous. A nous d’œuvrer pour rendre sa présence effective. Nous savons pourtant, d’un savoir hérité de la longue chaîne des témoins depuis Abraham, que Dieu a choisi de marcher avec son peuple, de résider, de demeurer parmi son peuple. Notre désir de la présence de Dieu repose sur cette promesse que Pascal formulait ainsi « Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais trouvé. » Notre foi se construit donc entre confiance joyeuse et doute.

Aujourd’hui, avares de notre temps et de notre espace, nous aimerions côtoyer ce Dieu promis et révélé aux pèlerins d’Emmaüs. Mais le temps de l’Avent nous invite à vivre une autre expérience : l’expérience de l’attente.

Cette expérience de l’attente oriente vers un aspect essentiel de la présence de Dieu : le chercher, que ce soit dans la prière, le soin du prochain ou la rencontre de l’autre, c’est toujours chercher quelqu’un. A nos contemporains qui sont des chercheurs de sens et qui nous interrogent sur un Dieu qui semble absent, sachons inviter à rencontrer Jésus, le Christ, et non à ressentir une présence vague.

Jésus est le même toujours, mais les besoins des hommes changent et la réponse doit être inventive, nouvelle, pour rendre Dieu présent à notre temps. Des expériences nouvelles, inédites nous provoquent. Prenons acte d’un désir dévorant d’immédiateté, permise par l’afflux incessant d’images et la rapidité dans l’échange des mots. Sachons voir le danger de prédation qui se cache derrière un projet de « société du tout savoir ou du prêt à consommer ». Retrouver la présence de Dieu, aujourd’hui, c’est ménager des espaces de silence et même d’ignorance, dans le sens de l’acceptation du mystère. Il y a tant de façons de créer cet espace dans nos vies : en invitant les enfants et les adultes à se tenir dans le silence, à l’apprécier, en écoutant au lieu de parler, en regardant au lieu de consommer, en renonçant à chercher sur son téléphone une information dont on a, au fond, pas besoin…. Toute suspension, opposée au premier mouvement de prise ou d’occupation, peut être vécue comme un geste d’amour.

Dieu nous a voulu femmes et hommes pour l’aimer. C’est en le cherchant que nous advenons à la vie.

Père Emmanuel DELUËGUE