Pâques, antidote à la morosité.

3 avril 2021

L’équipe des prêtres et diacre vous souhaitent de vivre une belle et joyeuse fête de Pâques. Que nous nous bénisse et nous aide à partager cette joie auprès de ceux qui sont malades ou isolés ! Prenons pour eux le temps d’une visite par téléphone !

Le climat est à la morosité. Finis les grands enthousiasmes et les avenirs de rêve. Il a fallu déchanter : bonjour tristesse ! Tout est fâcheuse nouvelle. Au sein même de l’Eglise, le virus s’infiltre parfois, détournant les énergies vers la complaisance dans la critique ou le ressentiment.

Lorsqu’elle atteint la vie spirituelle, la morosité s’appelle acédie, ce sentiment d’exil et d’abattement qui fait perdre le goût de Dieu et porte au découragement.

La morosité vient alors comme le sentiment de l’impasse, lié au deuil difficile des bonheurs faciles…
mais l’étoile de Bethléem n’est pas morte et le tombeau de Jérusalem s’est ouvert sur notre espérance.

Le matin de Pâques est fait de beaucoup de douceur. Lorsque les femmes se rendent au tombeau de grand matin, le jour n’est pas encore levé. La douceur de la lumière du Ressuscité se donne au milieu de la nuit. C’est au cœur du sentiment de tristesse, de deuil, que ces femmes pressentent pourtant qu’il faut partir sans attendre l’aurore.

Pouvons-nous penser que, pour nos vies, cette lumière pascale ne se lève pas « après » le vendredi des deuils ou le samedi des craintes et des silences ? Si cela était, nous pourrions désespérer de la vie tant l’attente risque d’être sans fin. Pâques est une source d’espérance pour pressentir des signes d’existence, de résurrection, de douceur, de lumière… au cœur de nos vies où demeurent encore obscurité, confusion, mal-être… Cette espérance peut alimenter toute vie affective, fraternelle, amicale. Elle serait dans la même ligne de ce que propose St Paul aux Philippiens. Rendre possible, praticable, une terre pacifiée, celle de nos vies. Oui, contempler le Ressuscité, c’est l’entendre dire aux femmes, à Marie, aux disciples ensuite : « Lève-toi et va ». Annoncer qu’Il est vivant, en toute vie qui l’accueille. Marque d’espérance pour toutes nos relations, pour notre histoire. Du creux des désespoirs, des lourds silences, des échecs, la vie revient, inespérée, et pourtant bien là. Plus réelle encore.

L’Eglise comme un veilleur, sûr de l’aurore, guette sa venue dans le sacrement du présent.

Père Emmanuel Deluëgue