Vivre le Carême avec Saint Joseph (4/6)

12 mars 2021

A différents moments de notre vie personnelle comme à différents moments de notre histoire commune, nous faisons face à des difficultés perçues comme obstacles définitifs. Qui n’a jamais entendu, qui n’a jamais pensé ou dit un jour : « Pourquoi Dieu n’a-t-il rien fait ? Pourquoi n’intervient-il pas ? N’est-il pas tout puissant ? »
Cette question vient du premier mouvement de notre esprit. Mais elle oublie que Dieu ne fait pas tout !

Il nous traite en adultes responsables parce qu’Il nous a doués de liberté, de créativité ou d’inventivité. Dieu nous a faits capables de nous prendre en charge… et, face aux difficultés, Il nous demande de ne pas baisser les bras ou de nous résigner en geignant et en nous lamentant qu’il n’y a plus de perspectives ou d’espérance.

Saint Joseph nous est donné en exemple par le pape François dans sa lettre apostolique Patris corde (n°5) :

Bien des fois, en lisant les “Évangiles de l’enfance”, on se demande pourquoi Dieu n’est pas intervenu de manière directe et claire. Mais Dieu intervient à travers des évènements et des personnes. Joseph est l’homme par qui Dieu prend soin des commencements de l’histoire de la rédemption. Il est le vrai “miracle” par lequel Dieu sauve l’Enfant et sa mère. Le Ciel intervient en faisant confiance au courage créatif de cet homme qui, arrivant à Bethléem et ne trouvant pas un logement où Marie pourra accoucher, aménage une étable et l’arrange afin qu’elle devienne, autant que possible, un lieu accueillant pour le Fils de Dieu qui vient au monde (cf.Lc 2, 6-7). Devant le danger imminent d’Hérode qui veut tuer l’Enfant, Joseph est alerté, une fois encore en rêve, pour le défendre, et il organise la fuite en Égypte au cœur de la nuit (cf. Mt 2, 13-14 ).

Une lecture superficielle de ces récits donne toujours l’impression que le monde est à la merci des forts et des puissants. Mais la “bonne nouvelle” de l’Évangile est de montrer comment, malgré l’arrogance et la violence des dominateurs terrestres, Dieu trouve toujours un moyen pour réaliser son plan de salut. Même notre vie semble parfois à la merci des pouvoirs forts. Mais l’Évangile nous dit que, ce qui compte, Dieu réussit toujours à le sauver à condition que nous ayons le courage créatif du charpentier de Nazareth qui sait transformer un problème en opportunité, faisant toujours confiance à la Providence.

Face aux difficultés de la vie, sommes-nous résignés ? Est-ce que nous nous arrêtons et abandonnons la partie en nous lamentant ? Sans enjamber la grâce que nous demandons dans notre prière et que nous recevons par les sacrements, quel courage créatif pouvons-nous avoir aujourd’hui ?

Fortifions notre espérance en étant certains que notre enthousiasme ne vient pas de nous, par quelque autosuggestion, mais bien de Dieu qui n’échoue pas. Sur ce sujet, écoutons le pape émérite Benoit XVI :

Dieu n’échoue pas. Il « échoue » continuellement, mais précisément pour cela, il n’échoue pas, car il en tire de nouvelles opportunités de Miséricorde plus grande, et son imagination est inépuisable. Il n’échoue pas car Il trouve toujours de nouveaux moyens d’atteindre les hommes et d’ouvrir davantage sa grande maison, afin qu’elle se remplisse complètement. Il n’échoue pas car il ne se soustrait pas à la perspective de solliciter les hommes afin qu’ils viennent s’asseoir à sa table, à prendre la nourriture des pauvres, dans laquelle est offert le don précieux, Dieu lui-même. Dieu n’échoue pas, pas même aujourd’hui. Même si nous entendons de nombreux « non », nous pouvons en être certains. De toute cette histoire de Dieu, à partir d’Adam, nous pouvons conclure : Il n’échoue pas. Aujourd’hui aussi, il trouvera de nouvelles voies pour appeler les hommes et Il veut que nous soyons à ses côtés comme ses messagers et ses serviteurs.

7 novembre 2006 – Homélie de la Messe avec les Evêques de Suisse

Terminons avec le Pape François dans sa méditation sur Saint Joseph (n°5) :

Si quelquefois Dieu semble ne pas nous aider, cela ne signifie pas qu’il nous a abandonnés, mais qu’il nous fait confiance, qu’il fait confiance en ce que nous pouvons projeter, inventer, trouver.

Qu’aucune difficulté n’arrête notre audace ! Que notre foi soit créative ! Il est temps de quitter nos tombeaux et le climat de deuil dans lequel nous sommes prostrés depuis trop longtemps. « Relève-toi, toi qui dors et le Christ t’illuminera (Eph, 5, 14) ! » Oui, Dieu a besoin des hommes et Dieu n’échoue pas !

Père Michel BERGER, curé