Une autre méditation sur l’Eglise !

27 août 2022

En prolongement de l’éditorial de la Feuille contact n°1107 du 26 juin dernier et de celui de la Feuille n° 1067 du 12 septembre 2021, je voudrais par ces lignes continuer à méditer sur l’Eglise. Non, ce n’est pas un caprice que de vous renvoyer aux feuilles Contact des derniers mois… ! même si vous ne les avez pas conservées !! C’est le souci de la continuité. En effet, nous n’avons jamais fini de comprendre les mystères de notre foi. Le fait d’avancer dans l’âge nous aide à voir les choses avec plus de sagesse et la relecture des mêmes textes bibliques continue à nous nourrir.

Dans sa constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen Gentium (n° 6 et 7), le Concile Vatican II nous donne plusieurs images de l’Eglise : elle est

- le bercail dont le Christ est l’entrée unique et nécessaire (Jn 10, 1- 10)

- le troupeau dont Dieu a proclamé qu’il serait le pasteur (cf. Is 40, 11 ; Ez 34, 11s.)

- le terrain de culture, le champ de Dieu (1 Co 3, 9)

- la vigne choisie, plantée par le Vigneron céleste (Mt 21, 33-43 ; Is 5, 1 s.)

- la construction de Dieu (1 Co 3, 9) : la maison de Dieu (1 Tm 3, 15), celle dans laquelle habite la famille des enfants de Dieu

- la demeure de Dieu chez les hommes (Ap 21, 3), et surtout le Temple saint, comparé à la Cité sainte

- « la Jérusalem d’en haut » et « notre mère » (Ga 4, 26 ; cf. Ap 12, 17)

- l’épouse immaculée de l’Agneau immaculé (Ap 19, 7 ; 21, 2.9 ; 22, 17) que le Christ a aimée, pour laquelle il s’est livré afin de la sanctifier (Ep 5, 26)

- le Corps mystique du Christ : en nous communiquant son Esprit, Il nous a constitués, mystiquement, comme son corps

- le Peuple de Dieu rassemblé par le bon vouloir de Dieu qui n’a pas limité la sanctification des hommes à un salut individuel, séparément, hors de tout lien mutuel

Ces trois dernières images sont les plus éclairantes. Elles nous permettent aussi de situer comment le Christ est en relation à son Eglise. Il est

  • le Pasteur de son Peuple,
  • la Tête de ce Corps mystique
  • et l’Epoux de cette Epouse qu’il a rendue immaculée et qu’Il chérit tendrement.

Aujourd’hui, en 2022, quand nous parlons de l’Eglise dans nos conversations familières, nous sommes influencés par l’esprit du monde.

Nous évoquons le thème de peuple de Dieu avec en filigrane le concept de la démocratie où le peuple souverain se donne, à échéances régulières, un Chef, mot synonyme de Tête ! Revenons plutôt à l’origine de l’expression : Peuple de Dieu fait référence à l’Ancien Testament : Dieu s’est choisi Israël pour être son peuple avec qui il a fait alliance et qu’il a progressivement instruit, se manifestant, lui-même et son dessein, dans l’histoire de ce peuple et se l’attachant dans la sainteté. Les différentes alliances annonçaient une Alliance Nouvelle... Lumen Gentium n°9. Dieu prend soin de son Peuple comme un Roi/Berger, Bon Pasteur qui connaît ses brebis une à une.

Et quand nous parlons de l’Eglise-Corps dont le Christ est la Tête, nous sommes gênés de parler de Lui comme un Roi qui le gouverne. Et nous sommes encore plus embarrassés quand il s’agit d’aborder la question de ceux que Dieu a choisis et que l’Eglise a ordonnés pour être le signe du Christ Tête pour l’Eglise : les évêques et les prêtres… De nombreuses réflexions, relayées et développées par les médias, voudraient balayer le sacerdoce à cause du cléricalisme si difficile à définir… et pourtant dénoncé avec raison quand les membres du clergé sont trop ‘fonctionnaires’ : prions et agissons pour qu’ils n’oublient pas que Jésus s’est fait le Serviteur : dans l’Eglise, l’autorité et le pouvoir sont à vivre comme un service.

Pour rester dans l’espérance, rappelons que l’Eglise Epouse est unie au Christ comme à son Epoux : Le Christ aime l’Eglise comme son épouse, se faisant le modèle de l’époux qui aime son épouse comme son propre corps (cf. Ep 5,25-28). Quant à l’Eglise elle est soumise à son chef (5, 23-24). « Puisqu’en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col 2,9 ), il emplit de ses dons divins l’Eglise qui est son corps et sa plénitude (cf. Ep 1,22-23) pour qu’elle tende et parvienne à la plénitude totale de Dieu (cf. Ep 33,19). Lumen Gentium n°7

Membres de ce Corps et de ce Peuple, nous sommes appelés à y vivre le mystère des noces.

  • Homme et femme unis dans le sacrement de mariage, vous vivez de ce mystère nuptial en étant signe du Christ et de l’Eglise pour le monde et dans le monde.
  • Jeunes, vous vivez le temps de la préparation et du discernement !
  • Consacrés, religieuses et religieuses, vous vivez de cet amour que le Christ Epoux donne à chacun des baptisés.
  • Evêques, Prêtres et diacres sont le signe du Christ pour l’Eglise.

Dans tous les cas, mystère nuptial, réalité amoureuse et pleine de joie ! 

P. Michel BERGER, curé