Vivre le Carême avec Saint Joseph (2/6)

26 février 2021

Saint Joseph, un père qui accueille

Avec ce deuxième dimanche de Carême, nous arrivons au seuil du mois de mars, mois consacré à Saint Joseph et au cours duquel nous célébrerons, le 19 mars, Saint Joseph, époux de la Vierge Marie. Le 8 décembre 1870, alors que le monde traversait (déjà !) une période critique, le pape Pie IX l’a déclaré Patron de l’Eglise universelle. A l’occasion du 150e anniversaire de cette déclaration, le pape François nous a demandé de vivre une année sous le regard de Saint Joseph. N’oublions pas ! le pape François a inauguré son ministère pétrinien (= ministère de pape) le 19 mars 2013 et il a le 1er mai 2013 – fête de Saint Joseph, travailleur – demandé que, à toutes les messes, au cours de la prière eucharistique, mention soit faite de Saint Joseph, Epoux de Marie et Gardien du Rédempteur. Méditons aujourd’hui l’exemple d’accueil et d’acquiescement que nous donne Saint Joseph en lisant le n°4 de la lettre apostolique Patris corde du Pape François :

Joseph accueille Marie sans fixer de conditions préalables. Il se fie aux paroles de l’Ange. La noblesse de son cœur lui fait subordonner à la charité ce qu’il a appris de la loi. Et aujourd’hui, en ce monde où la violence psychologique, verbale et physique envers la femme est patente, Joseph se présente comme une figure d’homme respectueux, délicat qui, sans même avoir l’information complète, opte pour la renommée, la dignité et la vie de Marie. Et, dans son doute sur la meilleure façon de procéder, Dieu l’aide à choisir en éclairant son jugement.

Bien des fois, des évènements dont nous ne comprenons pas la signification surviennent dans notre vie. Notre première réaction est très souvent celle de la déception et de la révolte. Joseph laisse de côté ses raisonnements pour faire place à ce qui arrive et, aussi mystérieux que cela puisse paraître à ses yeux, il l’accueille, en assume la responsabilité et se réconcilie avec sa propre histoire. Si nous ne nous réconcilions pas avec notre histoire, nous ne réussirons pas à faire le pas suivant parce que nous resterons toujours otages de nos attentes et des déceptions qui en découlent.

La vie spirituelle que Joseph nous montre n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille. C’est seulement à partir de cet accueil, de cette réconciliation, qu’on peut aussi entrevoir une histoire plus grande, un sens plus profond. (…)

Joseph n’est pas un homme passivement résigné. Il est fortement et courageusement engagé. L’accueil est un moyen par lequel le don de force qui nous vient du Saint Esprit se manifeste dans notre vie. Seul le Seigneur peut nous donner la force d’accueillir la vie telle qu’elle est, de faire aussi place à cette partie contradictoire, inattendue, décevante de l’existence. La venue de Jésus parmi nous est un don du Père pour que chacun se réconcilie avec la chair de sa propre histoire, même quand il ne la comprend pas complètement.

Ce que Dieu a dit à notre saint : « Joseph, fils de David, ne crains pas » (Mt 1, 20), il semble le répéter à nous aussi : "N’ayez pas peur !". Il faut laisser de côté la colère et la déception, et faire place, sans aucune résignation mondaine mais avec une force pleine d’espérance, à ce que nous n’avons pas choisis et qui pourtant existe. Accueillir ainsi la vie nous introduit à un sens caché. La vie de chacun peut repartir miraculeusement si nous trouvons le courage de la vivre selon ce que nous indique l’Évangile. Et peu importe si tout semble déjà avoir pris un mauvais pli et si certaines choses sont désormais irréversibles. Dieu peut faire germer des fleurs dans les rochers. Même si notre cœur nous accuse, il « est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses » (1 Jn 3, 20).

Le réalisme chrétien, qui ne rejette rien de ce qui existe, revient encore une fois. La réalité, dans sa mystérieuse irréductibilité et complexité, est porteuse d’un sens de l’existence avec ses lumières et ses ombres. C’est ce qui fait dire à l’apôtre Paul : « Nous savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien » (Rm 8, 28). Et saint Augustin ajoute : « …même en ce qui est appelé mal ». Dans cette perspective globale, la foi donne un sens à tout évènement, heureux ou triste.

Loin de nous, alors, de penser que croire signifie trouver des solutions consolatrices faciles. La foi que nous a enseignée le Christ est, au contraire, celle que nous voyons en saint Joseph qui ne cherche pas de raccourcis mais qui affronte “les yeux ouverts” ce qui lui arrive en en assumant personnellement la responsabilité.

L’accueil de Joseph nous invite à accueillir les autres sans exclusion, tels qu’ils sont, avec une prédilection pour les faibles parce que Dieu choisit ce qui est faible (cf. 1 Co 1, 27). Il est « père des orphelins, justicier des veuves » (Ps 68, 6) et il commande d’aimer l’étranger. Je veux imaginer que, pour la parabole du fils prodigue et du père miséricordieux, Jésus se soit inspiré des comportements de Joseph (cf. Lc 15, 11-32). Pape François, Patris corde n°4

Continuons à vivre le Carême en priant Saint Joseph 

N’oublions pas de lire et de méditer le message du Pape François pour le Carême 2021 sur le thème de la foi, de l’espérance et de la charité.