Vous serez mes témoins... jusqu’aux extrémités de la terre.

25 mai 2019

Après de nombreux jours de fête, imprégnés de la joie pascale, nous allons vivre la belle fête de l’Ascension. Drôles de personnes que ces chrétiens qui festoient après le départ du Seigneur, du Frère, de l’Ami ! D’habitude, quand un être cher nous quitte, cela se passe autrement ! Reconnaissons que le départ de Jésus, ami spécial, est particulier. Tant de siècles ont suivi et la communauté des disciples, petite d’abord, timide, restreinte, reçoit pratiquement l’ordre d’annoncer les choses vues, les paroles entendues et les actes vécus avec le Maître et Seigneur : « à vous d’en être les témoins ». De fait, les premiers témoins ne perdent pas beaucoup de temps à rester dans la surprise, bloqués ou paralysés. Ils se prosternent comme pour dire « à Dieu » et vont vers la capitale Jérusalem – marqués par la joie – pour toucher le plus de monde possible. Il y a l’évolution de la situation d’élève-disciple à l’état de témoin-acteur. Nous n’avons pas de description sur les moyens de diffusion de l’information. Les acteurs témoins se sont mis au travail tout en respectant l’injonction du Maître et Ami. De nombreux siècles plus tard, ce témoignage est arrivé jusqu’à nous avec cette invitation à le transmettre aux générations à venir. Il nous faut reconnaître que nous ne sommes plus beaucoup marqués par la joie et le bonheur dont l’Evangile nous parle : « ils retournèrent en grande joie » mais nous avons des circonstances atténuantes : les problèmes, les difficultés, les moments de crise et en plus, « vous savez, à nos âges… », la solitude, le peu d’espoir que la foi dure, la vieillesse et la maladie…
A la tentation de tout abandonner, Jésus nous promet de rester avec nous, à travers les sacrements, jusqu’à la fin des temps. Tous témoins, non seulement les prêtres, les consacrés, mais tous : toi, lui, elle, moi… là où nous sommes ; et non seulement par la prière ou par l’exemple, mais aussi par la parole… petite, discrète, timide.

  • - « Vous savez que les prêtres peuvent vous donner les sacrements, y compris le sacrement des malades. »
  • - « N’ayez pas peur ; çà ne fait pas mourir, il n’y a pas de poison dans l’huile. »
  • - « Ce ne sont pas les derniers sacrements comme nous le disons à tort. »
  • - « Ce n’est pas non plus l’extrême onction comme si c’était pour mieux glisser à travers la porte étroite de la mort. Les prêtres ne sont pas les actionnaires des pompes funèbres ! »

Comme bon nombre de témoins qui visitent les malades, moi aussi je peux témoigner d’évènements peu banals à l’occasion du don du sacrement des malades : impression de chaleur des cœurs, lumières intérieures, sentiments inhabituels, inspirations particulières, personnes touchées par la grâce, accueil très cordial… même le personnel de l’hôpital est touché… manifestations diverses de légèreté, de sérénité ou de réveil d’un coma (lors de la prière du Notre Père ou du Je vous salue Marie).
Nous ne sommes que les témoins bienheureux et surpris de ces dons dont le Seigneur nous fait cadeau. Les prières et les intercessions de la communauté chrétienne ne sont certainement pas vaines ou inutiles. Aussi, quand nous sommes appelés, soit par les membres de la famille, soit par le personnel soignant, soit par les malades eux-mêmes, nous avons l’impression d’être les témoins-acteurs à cette mission que le Christ Frère et Ami donne à son Eglise.
Il y a aussi – hélas – le sentiment de vide et récurrent du serviteur inutile quand nous entendons quelqu’un dire : « j’étais à l’hôpital, vous n’êtes pas venu me voir. » Ne restons pas la langue dans la poche, nous avons des moyens pour demander la visite du Seigneur, Maître et Ami à travers ses témoins. C’est par ces pauvres personnes qu’Il veut transmettre l’espérance, le soutien, le réconfort dont nous avons besoin quand nous traversons – comme dit le psaume 22 – la vallée de la mort (souffrance, vieillesse et solitude). Tous à notre manière, et chacun à sa façon, peut répondre à l’invitation d’être témoins de sa Bonne Nouvelle, par la parole, l’exemple, la prière ou la présence. Nous serons des disciples, habités comme les apôtres de la grande joie des témoins du Christ ressuscité pour toute les nations jusqu’aux extrémités de la terre.

Père Marcelin BEJAN, vicaire et aumônier du Centre Hospitalier d’Orange