D’une autre manière (1/3)

7 mai 2020

Confinés, nous avons redécouvert l’importance de nos maisons comme lieu-refuge. Mais, bien plus que le bâtiment, nous avons – pour la plupart – pu bénéficier du havre (port et refuge à l’abri de la tempête) qu’est la famille, communauté naturelle. Dans notre paroisse, nous nous sommes efforcés de rester proches de ceux qui sont seuls et pour qui ce temps de confinement a été et est encore une douloureuse épreuve.

Le 18 mars dernier, au deuxième jour du confinement, je soulignais que il est donné à ceux qui ont donné la vie et à ceux qui l’ont reçu de se tenir sous le même toit, quand bien même les enfants ont grandi ! Je vous invitais à faire une relecture de l’histoire de famille en évoquant la rencontre des parents, leur cheminement vers le mariage, l’attente et la naissance de chaque enfant, les évènements importants que n’ont pas connu ceux qui sont nés les derniers…
J’espère que vous avez pu rendre grâce à Dieu, redire ce qui a été heureux dans votre histoire familiale, expliquer ce qui a été difficile et tout ce que vos enfants – encore petits à ce moment – ne pouvaient comprendre mais qui a pu marquer leur mémoire affective et spirituelle.

Au moment où nous allons quelque peu échapper au creuset dans lequel les caractères ont été mis à l’épreuve dans la vérité de leurs pauvretés et richesses respectives…, je prie pour que chaque famille se tienne spirituellement dans la main de Dieu qui, dans sa Providence a rassemblé ses enfants comme dans un nid pour vous renouveler sous son regard bienveillant de Père.

Ce 11 mai, nous commencerons à sortir et à retrouver certains de nos repères. Il nous manquera les messes et cérémonies dont nous avions l’habitude. Un nouvel effort nous est demandé ! Patienter encore et encore... et prier pour que nous soit donné de voir les choses autrement. Voici que je fais toutes choses nouvelles, dit le Seigneur. Apocalypse 21, 5

Permettez-moi donc de vous bousculer un peu !
Quand nous venons à l’église, nous allons – presque systématiquement – toujours à la même place, à ‘notre’ place, celle où nous aimons nous asseoir et nous tenir debout pour suivre les offices… parce que là nous voyons bien, nous entendons bien, parce que nous sommes à côté de tel ou tel… De fait, nous avons une conception statique du bâtiment église.
Je vous invite à envisager ce lieu dans une conception dynamique : entrer et sortir, y suivre un parcours (celui du chemin de croix par exemple), la procession d’offertoire ou de communion… en nous rappelant que beaucoup d’églises possèdent un déambulatoirepermettant à une foule nombreuse de venir se recueillir, prier, recevoir les sacrements et la bénédiction… sans s’arrêter longuement.

Quand nous retrouverons l’usage du rassemblement pour la messe dominicale, il nous faudra certainement faire autrement et laisser de la distance entre nous : s’asseoir une place sur deux en laissant libre un banc sur deux… remplir les places au fur et à mesure de notre arrivée… Les mots pèlerinage, chemin, stations, étapes… peuvent nous aider à repenser notre rapport à la célébration eucharistique qu’est la messe.

Le superbe texte de l’évangile des disciples d’Emmaüs contient déjà la structure de la Sainte Messe : dans la première partie, l’écoute de la Parole à travers les Saintes Écritures ; dans la deuxième, la liturgie eucharistique et la communion avec le Christ présent dans le Sacrement de son Corps et de son Sang. En se nourrissant à ce double banquet, l’Église s’édifie sans cesse et se renouvelle de jour en jour dans la foi, dans l’espérance et dans la charité.
Benoit XVI Regina coeli 6 avril 2008

De même, l’origine grecque du mot église évoque l’assemblée convoquée par son Seigneur pour Le célébrer. Nous désirons tous pouvoir nous retrouver au plus tôt, tout spécialement le dimanche, afin d’appuyer notre foi sur celle de nos frères et d’offrir ensemble à Dieu notre Père le sacrifice pur et saint, le sacrifice parfait, le sacrifice du Christ qui sauve le monde. Pour mieux goûter la joie de ces rassemblements, osons chercher si - dans l’Histoire et la pratique de l’Eglise - il n’y aurait pas d’autres formats communautaires nous permettant de fortifier notre foi et célébrer - avec nos frères – le Seigneur.

  • Avez-vous entendu parler de l’oïkos ? N’y a-t-il pas un rapport entre ce mot et le mot paroisse ?
  • Avez-vous imaginé la façon dont l’Evangile a pu être annoncé en quelques années à travers le bassin méditerranéen et même jusqu’en Inde ?

Demain, nous répondrons à ces questions et j’espère que nous y trouverons des pistes de renouveau.

Père Michel BERGER