Eloge de la fragilité

13 mai 2020

Eloge de la fragilité

Un virus apparaît et soudain, voici l’humanité à l’arrêt.
Le virus nous regarde, invisible, et nous sommes nus devant lui, soudain démasqués, vulnérables.
L’imprévisible, l’inattendu sont toujours là, mais il faut ajouter : l’inespéré. Cependant, il y a du durable et de l’irréversible, donc de l’oubliable, de l’historique.

Merci pour nos hommes de science, tous ceux qui travaillent dans l’ombre sans toucher l’argent de ceux qui tapent dans un ballon, sport louable, mais à ce prix ?

Merci pour toutes ces blouses blanches qui sortent soudain de l’ombre, méconnues, mal payées, et qui ont su montrer leur dévouement de faire quelque chose d’utile et d’indispensable.

Le confinement a pu nous faire comprendre ce qui vit un prisonnier dans sa cellule… mais combien d’autres enfermements, ceux du cœur, ceux de l’esprit, ceux du groupe…

Sans doute, ce que nous vivons révèle particulièrement aujourd’hui la fragilité des humains mais aussi leur capacité d’agir en partenaires de la nature mieux connue et respectée.

Merci pour tous ceux qui ont animés ces réseaux (TV, KTI, YouTube, internet, téléphone…) et nous ont permis d’être moins isolés… présence de proximité mais non réelle.

Les hommes, les animaux, la nature… tous sont vulnérables.
Cette vulnérabilité est source de solidarité, de fraternité retrouvée, de prière personnelle.

Demandons l’intelligence des scientifiques, la sagesse des décideurs et quant à nous, toujours se dire : « je suis là pour faire ce qui dépend de moi », avec le sourire, même sous le masque !

Quoi de plus vulnérable que le visage d’autrui, même masqué qui nous invite à envisager notre devoir envers lui.

Alors, ces mots inoubliables de Blaise Pascal (1623 – 1662), ce grand penseur chrétien :

« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. Tout notre dignité consiste donc en la pensée. »

J’ajouterais si j’ose dire, toute dignité, c’est de savoir aimé de Dieu, Lui le Tout-Puissant d’Amour Vulnérable Volontaire, qui nous communique une invicible Espérance.

Père François-Marie Feve, aumônier des Clarisses de Montfavet