La sainteté à l’exemple de Jeanne d’Arc

10 mai 2020

Canonisée il y a 100 ans par le pape Benoit XV, Sainte Jeanne d’Arc est patronne secondaire de la France.

En France, le deuxième dimanche de mai est celui où notre pays célèbre Sainte Jeanne d’Arc.
Commençons par rappeler qu’elle est avec Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus la patronne secondaire de la France.

L’histoire de Sainte Jeanne d’Arc vous est –je pense- assez bien connue : qu’il suffise donc de rappeler, à l’intention des plus jeunes, qu’elle est née en 1412 à Donrémy. C’était une bergère qui, pour toute formation religieuse, n’a reçu que le Credo, le Pater et l’Ave Maria et tout ce qu’elle a pu entendre à l’église dans les sermons. Mais Dieu aime à manifester sa gloire dans l’humilité et la simplicité du cœur. C’est ainsi qu’à 17 ans, Jeanne reçoit la visite de l’archange St Michel, accompagné de Sainte Marguerite et de Sainte Catherine. Par ces amis venus du Ciel, Jeanne reçoit une mission –bouter les Anglais hors de France. Pleine de foi et certaine que là est la volonté de Dieu, Jeanne fera tout pour obéir à cette mission et lui être fidèle. Fin Janvier 1429, elle part de Vaucouleurs pour aller rendre espérance au Dauphin, le futur Charles VII, qui doutait de sa légitimité. Après l’entrevue de Chinon, le 25 février 1429, le Dauphin lui confie le commandement de son armée qui, le 29 avril de la même année, libère Orléans des Anglais. Moins de trois mois plus tard, le 17 Juillet, Charles VII est sacré roi de France, dans la cathédrale de Reims et notre pays, bien que blessé, retrouve à sa tête le roi de droit divin que Dieu lui destinait.

Ne soyons pas surpris par la carrière fulgurante de Jeanne d’Arc ; ne soyons pas étonné de la facilité avec laquelle elle réalise sa mission : Jeanne est envoyée de Dieu et le succès miraculeux de son entreprise le prouve.

Mais bien vite, tout bascule ; un peu plus d’un an après la victoire d’Orléans, en Mai 1430, Jeanne est faite prisonnière à Compiègne. Vendue aux Anglais par le duc de Bourgogne, elle subit un procès politique mené par l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon. Celui-ci, à la solde des Anglais, fait tout pour que Jeanne soit condamnée et finalement brûlée vive sur la place du marché de Rouen, le 30 Mai 143, à l’âge de 19 ans.

Succès, revers pour finalement tomber dans l’oubli, qu’y a t’il de différent chez Sainte Jeanne d’Arc pour que nous en parlions encore et surtout pour que nous la vénérions comme la Sainte de la Patrie ? Il me plait de souligner que c’est sa sainteté plutôt que son rôle politique qui lui vaut cet honneur.

Qu’est-ce que la sainteté si ce n’est l’identification au Christ, comme nous l’avons entendu dans l’Evangile : si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il porte sa croix et me suive ?

Pour comprendre comment Jeanne a été unie au Christ Sauveur, montrons la similitude, le parallèle étroit qu’il y a entre sa vie et celle du Christ, entre sa mission et celle du Christ qui est venu sauver ce qui était perdu.

Comme Jésus, Jeanne a accompli ce qu’on pourrait appeler sa vie publique sur une durée de trois ans. Comme Jésus entrant à Jérusalem le dimanche des Rameaux, Jeanne a connu le triomphe de l’entrée dans Orléans. Comme pour Jésus, on pensait que Jeanne sauverait le royaume…

Mais comme Jésus, Jeanne a connu les affres de la Passion : elle est faite prisonnière, comme le Christ au Jardin des Oliviers. Comme le Christ qui a été vendu pour trente pièces d’argent par Judas, elle est vendue aux Anglais par le duc de Bourgogne. Comme pour Jésus contre qui on porta faux témoignage, Jeanne est traîné devant un tribunal et accusée injustement. Comme Jésus, qui en peu de mots, maintint la vérité affirmant sa divinité, Jeanne, accusée d’hérésie et de sorcellerie maintient la vérité j’ai été envoyé de Dieu et donne les réponses limpides et lapidaires d’une âme enflammée de l’amour de Dieu.

Que pensez-vous de l’Eglise ? M’est avis que Jésus Christ et l’Eglise, c’est tout un. 

Êtes-vous en état de grâce ? Si j’y suis, Dieu m’y garde ; si je n’y suis pas, Dieu m’y mette.

Raillée Comme au Christ à qui on disait pour l’outrager : Prophétise, dis nous qui t’a frappé ?, Jeanne a été raillée : Que vous disent vos voix ? Et Jeanne de se taire, comme ses voix qui ne lui parlaient plus. Ainsi comme Jésus, le serviteur souffrant d’Isaïe, frappé de Dieu et se plaignant d’être seul à fouler le pressoir, Jeanne a connu l’amère solitude du cachot et la déréliction de ceux qui sont privés des sacrements. Pourtant, Jeanne a gardé confiance en Dieu, et si, à cause d’une fausse promesse, elle a été près de vaciller, elle est restée constante dans l’épreuve, gardant foi et confiance en Dieu.

Sur son bûcher, et jusqu’au dernier soupir, Jeanne fixa du regard le crucifix qu’un moine tenait devant elle. Sur la Croix, Jésus Christ, tout meurtri, pousse un grand cri et puis il rendit l’âme : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné. Entre tes mains je remets mon esprit.

De la même manière, seule comme le Christ, dans un grand effort, par son cri de foi et de confiance Jhésus Maria, Jeanne rendit son âme à Dieu, sa belle âme qui sortit de son corps séparé par la flamme.

Mes frères, considérez votre vocation ; il ne semble pas que vous soyez appelés à une mission aussi extraordinaire que celle de Jeanne. Mais vous pouvez en étant, selon votre état de vie, fidèles à Dieu qui vous appelle à témoigner de la Vérité du Christ dans notre pays de France et cela aujourd’hui, à l’époque et dans les circonstances où nous vivons. Savons-nous entendre cet appel qui ne vient pas par les voix de St Michel, de Ste Marguerite ou de Ste Catherine mais bien par la voix du Saint Esprit qui nous est donné chaque jour et qui nous appelle à être missionnaires ?

Oui, nous sommes appelés à coopérer à la grâce de Dieu et à faire notre ces paroles de Jeanne : les hommes d’armes combattront et Dieu donnera la victoire. Aide-toi et le Ciel t’aidera. Ne nous lamentons pas devant l’écroulement de la civilisation chrétienne en restant inactifs. Il est plus facile et plus confortable de lever les bras au Ciel devant des ruines que de travailler à relever l’édifice.

Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il porte sa croix et me suive.

Comme Jeanne, nous sommes appelés à être les disciples du Christ et à vivre dans notre vie la Passion du Christ. C’est le seule moyen de porter du fruit : certes, l’engagement ou le témoignage de la vérité dans le monde païen dans lequel nous vivons nous fait peur, mais c’est parce que nous avons peur d’être unis au Christ en Croix. Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meure, il reste seul, mais s’il meure, alors il porte beaucoup de fruit. C’est ce que je voulais dire lorsque je disais plus haut que Jeanne d’Arc a plus apporté à notre pays par le rayonnement de sa sainteté que par son action militaire.

Mes frères, demandons à Sainte Jeanne d’Arc la grâce de bannir de notre cœur la PUSILLANIMITÉ, c’est à dire la faiblesse de l’âme qui recule devant les contradictions.

Demandons à Sainte Jeanne d’Arc, patronne de notre pays, la Force d’être les Apôtres que Dieu veut que nous soyons. Et pour cela demandons à la sainte de la Patrie, de nous apprendre à mourir avec le Christ pour ressusciter ave Lui dans la gloire de Dieu, pour l’éternité.

Père Michel BERGER

Elle est montée au ciel - Poème de Charles Péguy

Elle est montée au Ciel ensemble jeune et sage,
A peine parvenue au bord de son printemps,
Au bord de sa tendresse et de son jeune temps,
A peine au débarqué de son premier village.

Elle est montée au Ciel après un premier stage,
Plus court que les trois ans du Seigneur Jésus-Christ,
Mais non moins entendue aux dons du Saint Esprit
Que tant d’autres qui font un long pèlerinage.

Et ce grand général qui prit tout un royaume,
Et ce n’était pas rien le royaume de France
Dans le dernier climat et sous le dernier dôme
N’aura pas plus vieilli que le jeune espérance.

Heureux qui la verra dans cette autre lumière,
Le front plus découvert que les Saints Innocents,
Telle qu’on la voyait au seuil de sa chaumière
Ou parmi ses troupeaux frêles et bondissants.

Car ce grand général qui gagna vingt batailles,
Comme on gagne le Ciel, et ce chef triomphant
Sous le casque battu, sous la cotte de maille,
Ne fut jamais qu’une humble et courageuse enfant.

Et ce grand général qui ramassait des coups
comme on gaule des noix avec un grand épieu
N’était qu’une humble enfant perdue en deux amours,
L’amour de son pays parmi l’amour de Dieu.