A l’école du Christ ressuscité, vivre le dimanche

18 avril 2020

A l’école de Jésus ressuscité, vivre le dimanche

Les touristes ou pèlerins qui vont en Israël sont très étonnés de voir, après l’arrêt total des activités pendant le Shabbat (samedi), la reprise des usines et de tout le travail dès le dimanche matin qui ne s’appelle d’ailleurs pas dimanche, évidemment, mais « Yom richon », « jour premier ». Chez les juifs, le dimanche n’est pas un jour férié mais simplement le premier jour de la semaine, un jour ordinaire, comme notre lundi à nous. Nous y sommes tellement habitués que nous ne nous rendons plus compte que notre dimanche devenu pour beaucoup simplement le week-end, la fin de semaine, est une invention de Jésus et que, loin d’être une fin de semaine, c’est un début.

L’évangile d’aujourd’hui nous raconte les « deux premiers » dimanches et à travers eux, l’institution de l’Église. Qu’est-ce donc que l’Église ? Une communauté visible qui se rassemble chaque dimanche. Ce n’est pas par hasard que Jésus lui-même a inauguré le rythme hebdomadaire nouveau en apparaissant à ses disciples « le premier jour de la semaine » et « le huitième après ». Le rassemblement hebdomadaire des chrétiens, la messe du dimanche, n’est pas une habitude factice décidé un jour par un Pape ou des évêques ; c’est Jésus qui l’a institué.

A la suite de Jésus, les chrétiens sont invités à accueillir les Thomas de nos communautés ceux qui ont « manqué » un rendez-vous de Jésus ceux qui doutent. La foi authentique risque fort de disparaître très vite si elle n’est pas nourrie constamment pour célébrer dans la joie la Parole et la Présence du Ressuscité.

En ces deux premiers dimanches, nous voyons aussi Jésus mettre en place des signes, des sacrements de son action dans le monde. « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus ». En entendant ces mots, on risque de ne penser spontanément qu’au sacrement de Réconciliation, en oubliant que le seul sacrement cité dans notre Credo, et le premier de tous les sacrements, c’est le « Baptême pour la rémission des péchés ». Dans notre Credo, aussi, nous affirmons que l’Esprit Saint « donne la vie ». Cet esprit vivifiant, ce souffle nouveau, c’est celui « qui a ressuscité Jésus d’entre les morts » (Rm 8,11).

Mais ce souffle divin est maintenant donné à des hommes. Jésus est mort et ressuscité, remonté vers le Père ; l’Église prend le relais puisqu’elle est porteuse de son souffle vital. L’Église est chargée de refaire les gestes de Salut de Jésus : lier et délier, remettre et maintenir les péchés. Responsabilité redoutable ! L’Église est désormais porteuse de la miséricorde même de Dieu comme Jésus l’était.

Il faudrait plus de temps pour développer cet aspect. Mais nous voyons Jésus, ici, confier un pouvoir spirituel à quelques-uns. Plus tard, on appellera cela la hiérarchie. « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ».

Jésus ressuscité se montre aux apôtres. Il a gardé les plaies ouvertes de sa passion, d’où jaillit la Miséricorde. Les apôtres sont à la fois invités à contempler ces plaies, à recevoir la paix et la joie de la Miséricorde et aussitôt envoyés par Jésus à en témoigner. Jésus, manifestement, a le souci de mettre en place des moyens concrets pour passer d’une présence visible à une présence invisible : croire sans voir. L’Église est une certaine visibilité de Jésus. Toute l’Église, l’ensemble des baptisés est ce Corps visible de Jésus invisible désormais : c’est le sacerdoce des fidèles. Mais il est clair, et toute la tradition l’a compris ainsi, que Jésus institue dans la communauté des ministres, des serviteurs de ce Corps : c’est le sacerdoce des apôtres. Comme plusieurs fois dans l’Évangile, notre pauvre Thomas est qualifié comme « l’un des douze ». Ces douze-là ne sont peut-être pas supérieurs aux autres de la communauté, mais Jésus les appelle à Le représenter.

Chaque dimanche, dans la messe, l’un de nous représente Jésus. Telle est la structure essentielle de l’Église voulue par Jésus : une communauté sacramentelle et ministérielle.

Diacre Stanislas Tamby