DEBUSQUER L’ESPRIT DE MENSONGE

29 février 2020

En écoutant l’Evangile pour ce premier dimanche de Carême, nous voyons que Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Mt 4, 1 Là, dans le jeûne et la prière, Jésus se prépare à sa mission : proclamer la Bonne Nouvelle et sauver les hommes par le don de sa vie ; et, dans la solitude, Jésus fait l’expérience de la tentation : si tu es le fils de Dieu … Au jour de son Baptême dans le Jourdain, Jésus avait entendu – comme homme – la bénédiction du Père : Tu es mon Fils bien aimé, cette bénédiction qu’il reçoit – comme Fils éternel – dans le sein de la Trinité : Tu es mon fils ; aujourd’hui je t’ai engendré. (Ps 2)
Le diable murmure donc au cœur de Jésus une parole sournoise : si tu es le fils de Dieu… Il veut installer le doute dans l’âme de ce juste qui se tient humblement – dans le jeûne et la prière – sous le regard de Dieu.
Il en va de même pour nous : le diable, jaloux du fait que nous sommes enfants de Dieu par le baptême, cherche à introduire le doute dans nos cœurs. Pour cela, il utilise son arme favorite : le mensonge, car il est menteur et père du mensonge.
Nous sommes entrés en Carême et nous avons entendu la Parole de Jésus : ‘Convertissez-vous et croyez à l’Evangile’. Il s’agit de se repentir, de changer de pensée pour être conduit à changer dans notre action : rejeter les œuvres des ténèbres pour nous revêtir des armes de la lumière. (cf. Rom 13, 12)
Nous y sommes résolus : nous voulons nous détourner du péché : son goût amer et la tristesse qu’il engendre nous conduisent au repentir et à vouloir la conversion. Nous voulons être à Dieu pour vivre de Lui.
Pourtant, chaque année, nous constatons qu’il faut recommencer ‘comme si rien n’avait été fait’… ce qui est déjà un premier mensonge ! N’avons-nous pas été sauvés par Jésus ? Ne sommes-nous pas aimés de Dieu ?

En ce début de Carême, je voudrais vous proposer une piste souvent inexplorée - et pour cause ! C’est la piste dont notre adversaire cache jalousement l’entrée : celle des mensonges qu’il entretient pour nous tenir dans le brouillard :

« Non, tu n’es pas digne de Dieu… Non, tu n’es pas bon… Non, tu n’es pas doué…
Tu es paresseux… c’est ton tempérament… tu ne pourras rien y changer…
Tu es colérique ou orgueilleux… c’est ton péché dominant… tes efforts n’y feront rien…
Tu es tombé dans l’addiction (même légère) à l’alcool, aux écrans, à la pornographie… tu n’en sortiras pas… »

Combien de fois nous sommes-nous résignés au raisonnement et à la musique qui nous propose l’inaction du status quo ?
Réveillons-nous ! Le Christ Jésus n’est-il pas vainqueur de la mort, du péché et de tout mal ? Demandons lui, par la grâce de sa triple victoire sur le tentateur, de dévoiler les mensonges sous-jacents à la récurrence de nos péchés habituels, ceux qui défigurent notre vie et plombent notre moral. Demandons à Jésus la délivrance, demandons-lui de révéler notre cœur… pour que cette délivrance nous fasse passer de l’esclavage du péché à la faiblesse. Oui, vous avez bien lu : passer de l’esclavage à la faiblesse !
Par ses mensonges, notre adversaire nous tient en son pouvoir et il nous empêche de bouger. Le boulet de notre péché est trop lourd pour que nous puissions courir ou même marcher. Il n’a pas besoin des barreaux d’une prison pour nous tenir en esclavage. Il lui suffit d’entretenir ce climat de mensonge qui fait de nous les esclaves du péché.
Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. Eph 5, 14
Tu crains de te réveiller faible et fragile… Laisse toi réconcilier avec Dieu ! cf 2 Cor 5, 20
« Regarde les bras ouverts du Christ crucifié, laisse-toi sauver encore et encore. » Pape François
Ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. Aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu. C’est grâce à Dieu, en effet, que vous êtes dans le Christ Jésus, lui qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification, rédemption. 1 Cor 1, 29 - 30
Ne crains pas ! Passer de l’esclavage à la faiblesse consiste à accepter notre vulnérabilité : reconnaître que nous avons été blessés par le mal, que nous pouvons encore aujourd’hui en être blessés et même le commettre… mais c’est aussi reconnaître que mes fractures sont le chemin du salut par lequel Dieu verse son amour dans mon cœur… pour autant que, désormais, j’ai fermé les portes de mon cœur au Malin en renonçant au mal et aux mensonges que mon adversaire utilise abusivement. Par la grâce de mon baptême, j’y renonce et, dans le Christ, j’ai autorité pour le chasser de ma maison.

Père Michel BERGER, curé