Laisser Jésus vivre en moi

29 mars 2019

Voici le résumé de la conférence de Carême donnée par le Père Emmanuel DELUEGUE jeudi 28 mars.

Pour entrer dans une relation vraie avec Dieu, il convient de chercher le silence. Non pas l’absence de bruit mais le silence du cœur, un silence de réconciliation et de paix ouvert à la parole intérieure qui murmure : « Toi aussi, tu es aimé de Dieu ». C’est dans ce silence que l’homme trouvera plus d’amour qu’il n ’en mérite. « Demeurez dans mon amour » dit Jésus. Depuis que Jésus nous a introduit dans le mystère de la Trinité, nous savons que l’amour créateur de Dieu pour nous ne vient pas d’un manque mais d’une plénitude. En Dieu brûle le désir formidable de notre existence. C’est un amour qui ne prend pas sa mesure dans le monde mais en lui-même. C’est un amour qui jaillit de l’éternité de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
C’est un amour qui me prend avec tout mon passé mais sans m’y enfermer. Il reste créateur tout au long de ma vie.
Mais la force de cet amour m’interroge : Dieu a-t-il sur chacun de nous une volonté particulière ?
Il y a des jours où nous voudrions bien pouvoir nous référer à une volonté particulière de Dieu qui serait notre vocation. Comme ce serait rassurant et réconfortant aux heures de doutes et de difficultés. Savoir qu’on s’inscrit dans un dessein de Dieu prévu de toute éternité où chaque élément de notre vie trouve place et sens. Ce que Dieu attend de nous, ce n’est pas que nous choisissions telle ou telle voie qu’il aurait prévue de toute éternité, c’est que nous inventions aujourd’hui notre réponse à sa présence et à son appel. Il ne s’agit plus de découvrir et d’accomplir un programme préétabli mais de faire naître une fidélité.
Ce dessein de Dieu n’est donc pas une détermination quelconque, c’est un dessein de salut qui exprime l’être ultime de Dieu : l’amour qui se donne et se communique.
Il est donc vrai qu’il y a un désir de Dieu qui nous rejoint personnellement. Si Dieu se manifeste par son Verbe, sa Parole, c’est bien pour être entendu par chacun d’entre nous. S’il nous appelle à être fils dans le fils unique, c’est bien qu’il attend de nous que nous nous disions dans une parole qui vienne rejoindre la sienne.
La réponse que nous allons donner à Dieu n’est inscrite nulle part, ni dans le livre de vie ni même dans le cœur de Dieu, sinon comme une attente et une espérance.
Nous sommes donc dans le dialogue de deux libertés : celle de Dieu et la mienne.
L’amour de Dieu nous précède ; nous finissons jamais d’en prendre conscience et d’en rendre grâce. Notre communion à Dieu n’a d’autre désir que de consacrer notre liberté, de lui offrir un horizon qui la dilate elle-même jusqu’à l’infini : « Demeurez en moi comme moi en vous. Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. » (Jn 15)
Aussi discerner la volonté de Dieu sur ma vie, c’est m’interroger sur ma place dans le Corps du Christ. Non pas celle qui me serait assignée mais celle que je peux, que je désire prendre. Quel membre serai-je pour le bien de tout le Corps ?
Là encore la réponse m’appartient et Dieu l’attend de moi, généreuse et neuve, pour se réjouir de ma solidarité comme il s’est réjoui de ma liberté.

Père Emmanuel DELUEGUE