Un homme riche, bien vêtu et faisant bonne chère…
Un pauvre, portant des plaies pour vêtement et souffrant de la faim…
Deux hommes que tout oppose sur la terre et que tout sépare encore dans l’au-delà.
Heureux, vous, les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Luc 6,20
Lazare, le pauvre, meurt et reçoit une rétribution de juste. Comme son nom l’indique, il a été aidé de Dieu. Au terme de sa vie, son âme affamée a été rassasiée par Dieu. Il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham, c’est-à-dire dans la situation où les âmes des justes de l’Ancien Testament étaient reçues à leur mort. Avant la venue de Jésus, les justes étaient dans une attente tranquille et pleine d’espérance. Quand Jésus descend aux enfers comme nous le disons dans le Credo, il va les y chercher pour faire entrer leurs âmes dans la victoire et la gloire de sa résurrection. Dieu veut le bonheur de l’homme !
Malheur êtes-vous, les riches ! car vous avez votre consolation. Luc 6, 24
Le riche meurt aussi et reçoit la rétribution de l’homme impie : il s’est condamné par son péché à être séparé de Dieu pour toujours. Ce n’est pas dû au fait qu’il avait de grands biens, au point de pouvoir porter des vêtements de luxe et de faire chaque jour des festins somptueux. Sa condamnation est due à l’aveuglement de son cœur endurci et fermé aux besoins de Lazare : si l’on n’y prend garde, un des grands maux de la richesse est qu’elle nous coupe de la communauté humaine : elle nous fait ignorer les besoins les plus basiques de ceux que nous côtoyons. Je donnerai pour exemple cette personne aisée qui, lorsque nous la sollicitions d’aider le Secours Catholique le jour de la collecte des denrées alimentaires pour aider les pauvres : il y a des pauvres à l’Isle sur Sorgue ? N’oublions pas la parole de Jésus : « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » Jean 12,8
Qui ferme l’oreille au cri du pauvre appellera, lui aussi, sans qu’on lui réponde. Proverbes 21,13
Le cri du riche tourmenté dans la fournaise reste sans réponse. N’en soyons pas surpris. Il ne peut pas en être autrement. Car tel est l’enseignement mis par Jésus dans la bouche d’Abraham. Il nous apprend que dès la fin de leur vie terrestre et pour l’éternité, un grand abîme sépare les justes de ceux qui se sont damnés par leur obstination à refuser de vivre l’amour de Dieu.
Aussi difficiles à entendre que soient ces paroles, tel est le message de l’Evangile : pour chacun d’entre nous, un jour le temps s’arrêtera. C’est inéluctable ; il ne restera, pour l’Eternité, que ce que nous aurons vécu pour l’amour de Dieu et de nos frères.
Ce message nous est donné pour sortir de l’inertie et de l’indolence fustigés par le prophète Amos dans la première lecture de ce dimanche. Notre confort peut nous mener tout droit à l’indifférence et à l’endurcissement du cœur qui nous mènent tout droit à la séparation éternelle d’avec Dieu.
Ce qui est en cause, ce n’est pas le fait de jouir d’un confort matériel qui peut nous être donné pour rayonner la joie et le bonheur de vivre…
Ce qui est en cause, c’est le fait de mettre sa confiance dans des biens périssables et de croire aveuglément qu’ils nous dispensent de travailler à nous préparer à la vie éternelle.
Ce qui nous prépare certainement à la vie éternelle, c’est d’écouter Moïse et les prophètes. Déjà l’Ancien Testament (Deutéronome 6, 4 et Lévitique 19) nous commande d’aimer le Seigneur Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit et ton prochain comme toi-même ! Bien plus, la Parole de Jésus nous demande de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés ? A nous de la mettre en pratique !
Il ne servirait à rien de demander aux morts de parler comme le voudrait le mauvais riche pour obtenir la conversion de ses 5 frères. En effet, ce serait demander à Dieu d’intervenir là où il a déjà été exclus : sa Parole donnée à Moïse et aux prophètes a déjà été refusée. On ne peut pas demander à Dieu de faire violence à l’homme alors même que jusqu’à la dernière minute, il nous appelle « Ami » comme Jésus l’a fait pour Judas qui, pourtant, ne s’est pas repenti. Matthieu 26,50
Pour nous, aujourd’hui, au-delà de la Parole entendue et reçue, c’est la lumière et la force de Jésus vivant dans l’Eucharistie qui nous donneront le réalisme de l’amour. Nous pourrons alors le décliner au jour le jour afin de nous préparer une demeure éternelle.
Père Michel BERGER, curé