Jésus, le Roi des Rois

20 novembre 2025

Il y a 100 ans, alors que 1925 était déjà une année jubilaire, le Pape Pie XI a donné à l’Eglise la lettre encyclique Quas primas que j’ai relue pour vous. Il y instituait la fête du CHRIST-ROI dans le but de :

  • Enraciner dans le cœur des catholiques la foi et la conviction que notre Seigneur Jésus, le Christ est le Roi de tous les hommes et de l’Univers.
  • Rappeler que le laïcisme alors en plein développement entrave non seulement l’évangélisation de ceux qui ne connaissent pas encore le Nom de Jésus mais fait aussi obstacle à la paix véritable.

1. Dire que Jésus est Roi n’est pas une simple métaphore : Jésus n’est pas seulement le plus parfait des hommes qu’il surpasserait tous par ses facultés intègres et pleines de grâce.
Verbe de Dieu, Fils éternel du Père, Jésus s’est fait homme. Nous croyons qu’Il est vrai Dieu et vrai homme : une personne divine qui possède pleinement autant la nature humaine que la nature divine. Ainsi, dans son humanité, dès sa naissance, Jésus est, au sens propre du mot, Vrai Roi : Il a reçu du Père la puissance, l’honneur et la royauté : « la souveraineté que Jésus possède sur toutes les créatures est le privilège de son essence et de sa nature ». St Cyrille d’Alexandrie

Vrai Roi, Jésus l’est aussi par la conquête. Le péché nous tenait captifs du royaume des ténèbres. Jésus nous en a rachetés par son sang précieux : il a donné sa vie en rançon pour la multitude. Il en résulte que les hommes comme les anges sont appelés à adorer le Christ comme Dieu et à obéir à son autorité royale. C’est l’ordre des choses tel que Dieu l’a voulu et une devoir pour nous les hommes.

En 1976, Paul VI rappellera qu’il n’y a pas d’évangélisation vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus de Nazareth Fils de Dieu ne sont pas annoncés.

Il nous appartient d’annoncer la vérité du Christ Roi, d’autant plus que Jésus, pendant les jours de sa vie mortelle, s’est abstenu d’exercer cette domination terrestre. Il a dédaigné la possession et l’administration des choses humaines, laissant ce soin à nous les hommes à qui Il demande de reconnaître sa Seigneurie sur toute chose créée.

Quand ses contemporains s’imaginent à tort que le Messie restaurera le royaume d’Israël, Jésus leur enlève ce vain espoir ; lorsque la foule veut le proclamer roi, il se dérobe par la fuite et en se tenant caché ; mais devant Pilate, Il déclare que son royaume n’est pas de ce monde.

Le royaume de Dieu ne s’oppose pas – par nature – aux gouvernements des hommes : celui qui distribue les couronnes du ciel n’enlève pas les couronnes des mortels. Le Royaume du Christ s’oppose uniquement au royaume de Satan et à la puissance des ténèbres. C’est pourquoi, Jésus nous demande de détacher nos cœurs des richesses et des biens terrestres, de pratiquer la douceur, d’avoir faim et soif de la justice, et enfin de renoncer à nous-mêmes et de porter notre croix.

Appliquons nous à ordonner librement toutes choses vers Lui : nos personnes de manière individuelle mais aussi nos familles et même nos Etats et nos institutions publiques.

Pour nous y encourager le pape Pie XI rappelle que Jésus-Roi possède :

  • le pouvoir législatif qui nous commande le bien et le vrai,
  • le pouvoir judiciaire qui fait reconnaître la justice ou l’injustice des comportements,
  • le pouvoir exécutif qui gouverne toutes choses vers leur accomplissement et vers la paix.

Quand Jésus reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts, son Règne n’aura pas de fin.

2. Pour enrayer le développement du laïcisme, le pape Pie XI en décrit le processus :

On commença par nier la souveraineté du Christ sur toutes les nations ;
on refusa à l’Eglise le droit d’enseigner le genre humain, de porter des lois, de gouverner les peuples en vue de leur béatitude éternelle. Puis, peu à peu, on assimila la religion du Christ aux autres religions et on la plaça au même niveau. On la soumit, ensuite, à l’autorité civile et on la livra pour ainsi dire au bon plaisir des gouvernants. Certains allèrent jusqu’à vouloir substituer à la religion divine une religion naturelle ou un simple sentiment de religiosité. Il se trouva même des Etats qui crurent pouvoir se passer de Dieu et firent consister leur religion dans l’irréligion et l’oubli conscient et volontaire de Dieu.

Aujourd’hui, 100 ans après, bien que devenus une infime minorité parfois anesthésiée par le laïcisme, les chrétiens peuvent être créatifs et œuvrer avec courage à la nouvelle évangélisation demandée par Saint Jean-Paul II : annoncer la pertinence du Règne du Christ sur tous les hommes, non seulement les individus mais aussi nos familles et notre société.

Y travailler est la meilleure manière d’être artisans de la paix véritable, comme le souligne le pape Pie XI :

les glaives tomberaient et les armes glisseraient des mains, le jour où tous les hommes accepteraient de bon cœur la souveraineté du Christ, obéiraient à ses commandements, et où toute langue confesserait que « le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père ».

Père Michel BERGER, curé d’Orange